"Netscape jette l’éponge" (Presence-PC.com), "Netscape : c’est fini" (MacPlus.net ) ou "Netscape quitte le monde des browsers" (Logiciel-fr.com) a-t-on pu lire sur le Web ces derniers jours. L’ogre Microsoft aurait donc eu raison de Netscape, le leader historique devenu challenger. Sur le site américain de Netscape, pourtant, nulle résonance de cette nouvelle de première importance. Et, pour Catherine Corre, directrice de la communication de Netscape, on a fait un peu vite le deuil de l’éditeur du célèbre navigateur. "Netscape réitère son engagement à poursuivre le développement de sa technologie de navigateur, à la fois comme plate-forme autonome et comme technologie embarquée sur d’autres plates-formes", affirme-t-elle.
David a perdu contre Goliath
Retour en 1995 : c’est à cette époque que débute l’explosion du Net grand public. Netscape Navigator est le premier browser convivial, facile d’utilisation. C’est un succès immédiat. Bill Gates, à la même époque, fait le pari d’un réseau labellisé Microsoft : MSN. ...chec cuisant. La firme de Seattle est obligée de faire machine arrière. Elle jette donc toutes ses forces, dans la conception d’un navigateur concurrent de celui de Netscape. La puissance financière de Microsoft permet le développement à fonds perdus d’un browser, Internet Explorer (IE), distribué gratuitement avec tous les produits de la marque. C’est le début d’une guerre perdue d’avance : le rapport de force initial (90 % de part de marché pour Netscape contre 10 % pour IE au début de l’offensive de Microsoft) s’est aujourd’hui, inversé. Le rachat, en 1999, de Netscape par AOL n’a rien changé, le premier fournisseur d’accès à Internet étant lié par contrat (qui s’est achevé le 1er janvier 2001) pendant cinq ans à Internet Explorer. Il semble d’ailleurs de plus en plus probable qu’AOL reconduira son accord avec Microsoft pour qu’Internet Explorer soit le navigateur par défaut de son kit de connexion. En échange de quoi, ce même kit serait inclus sur le CD de Windows XP, la prochaine version du système d’exploitation phare. Catherine Corre, elle, refuse de commenter ces hypothèses.
Netscape est mort, vive Netscape(.com)
La semaine dernière, aux ...tats-Unis, Jim Bankoff, président de Netscape, s’était montré plus prolixe. "Dans six mois, vous ne considérerez plus Netscape comme un éditeur de navigateur Internet", avait-il déclaré. Mais ce n’était pas, paraît-il, la mort de Navigator qu’évoquait Jim Bankoff, mais le recentrage des activités de sa société autour de Netscape.com. Le site devrait en effet devenir le portail haut de gamme d’AOL, grâce aux contenus de Time Warner. Le public visé est relativement proche de celui qui utilise Navigator, c’est-à-dire des internautes plutôt expérimentés, habitués à se débrouiller sur le Net, que l’offre "tout en un" d’AOL ne parvient pas à séduire. "Nous avons transformé Netscape.com en l’un des sites les plus visités du Net, avec 40 millions d’utilisateurs enregistrés. La fusion d’AOL avec Time Warner a joué un rôle prépondérant dans cette transformation de Netscape.com en site de contenu", se plait à rappeler Catherine Corre. Avant d’ajouter : "Nous avons également lancé avec succès Netscape Netbusiness, un site destiné aux dirigeants de PME."
Mort-vivant
Côté navigateur, Netscape ne semble effectivement pas prêt à jeter l’éponge. La version bêta de Navigator 6.1 est d’ores et déjà téléchargeable sur le Net. C’est la première véritable mise à jour (il y a eu la 6.01) d’une version 6 qui avait beaucoup déçu. Cette nouvelle mouture est annoncée comme à la fois plus stable et plus rapide que la précédente version. De petites retouches auraient été apportées à l’interface. Cnet croit également savoir que le cache (qui stocke les pages web les plus souvent demandées) a été remanié, ainsi que le programme de mail et la fonction de recherche. Netscape rappelle également qu’un accord a été conclu avec Sony pour fournir un navigateur à la PlayStation 2. Histoire de prouver que l’avenir d’un navigateur n’est pas forcément sur un ordinateur.