Harcelé par la justice américaine pour complicité de piratage musical, Napster tente de passer des accords de distribution avec des labels indépendants. Pour l’instant, les Majors du disque ne veulent rien savoir.
La RIAA continue sa croisade anti-MP3. Mardi 13 juin, la Recording Industry Association of America a demandé à la justice américaine d’enjoindre la société Napster de retirer de ses serveurs tous les fichiers reproduisant des titres appartenant à de grands labels comme Warner, BMG, Universal ou Sony Music. Pour appuyer sa requête, la RIAA cite des chiffres démontrant une baisse des ventes de CD imputable, selon elle, à la diffusion du logiciel de partage. Deux jours plus tard, elle a enfoncé le clou en rendant publiques des notes internes des dirigeants de Napster. Ces textes sont censés démontrer une volonté délibérée d’exploiter le filon du piratage.
Napster : nouvel outil de diffusion de musique
Depuis plusieurs semaines, Napster essaie pourtant de démontrer sa bonne foi en tant que distributeur de musique en passant des accords avec plusieurs labels indépendants. Les dirigeants de Napster annoncent ainsi avoir "signé avec" 14 000 artistes, même si 90 % des titres proposés à l’échange sur leurs serveurs sont encore la propriété sous copyright de grosses maisons de disque. Plus surprenant : le récent partenariat passé entre l’éditeur du logiciel de partage et amazon.com. Pour ce dernier, qui vend des CD, il s’agit juste d’un accord de paiement au clic, comme il en propose à tous les sites Web ayant une bonne visibilité. Les motivations de Napster sont, elles, plus judiciaires qu’économiques. Avec ce partenaire institutionnel, la société cherche clairement à prouver que Napster n’est pas un logiciel dédié au piratage mais un nouvel outil de diffusion de musique. L’affrontement avec la RIAA se résumerait en fait à celui de deux modèles économiques : vente à l’unité et logique de stock pour l’industrie du disque, vente au forfait (éventuellement sous forme d’abonnement) et logique de flux pour Napster.
Soutien de Gnutella
Dans cette bataille judiciaire, le logiciel de partage vient d’ailleurs de recevoir un soutien indirect de la part de son petit frère Gnutella. En effet, le site de distribution de films en ligne Article de )transfert ) vient de confier la distribution de 12 films Miramax au réseau gnutella.net. Ce partenariat commercial devrait apporter de nouveaux arguments aux avocats de Napster qui depuis le début essaient de démontrer que le système de partage de fichiers est viable en dehors de l’underground. Reste à savoir si les 10 millions d’utilisateurs de Napster, qui ne sont pas des pirates, ont envie de devenir des clients.