Le site d’échange de fichiers musicaux dévoile peu à peu son nouveau visage. Il vient de proposer un milliard de dollars à l’industrie du disque pour mettre fin à leur différend sur les droits d’auteur.
Julien Chambaud |
Les responsables de Napster poursuivent leur opération de séduction. Après avoir annoncé la mise en place, à l’été 2001,
du nouveau système payant et sécurisé, Hank Barry, son PDG, vient de proposer un milliard de dollars (7,15 milliards de francs) sur cinq ans à l’industrie du disque. Il veut ainsi régler tous les problèmes de droit d’auteur, à l’origine des poursuites judiciaires contre le site d’échange de fichiers musicaux. Les cinq majors du disque recevraient annuellement 150 millions de dollars (plus d’un milliard de francs) et les labels indépendants, 50 millions de dollars (près de 360 millions de francs). Pour Napster, il y a urgence car les poursuites contre le site pourraient rapidement mener à sa fermeture. La prochaine audience de la cour d’appel de San Francisco est prévue pour le 2 mars. Et si elle confirme
sa décision du 12 février, Napster devra cesser d’offrir un accès aux fichiers MP3, responsables de "
violations majeures au copyright".
Battage médiatique
La course contre la montre est donc lancée pour Napster et pour Bertelsmann qui a pris le site sous son aile, fin octobre 2000. Mais l’industrie du disque ne semble pas prête à succomber à cette danse du ventre "napstérienne". L’offre de règlement à l’amiable vient un peu tard à son goût, 16 mois après les premières plaintes devant la justice. La présidente de la RIAA, l’association américaine de l’industrie du disque, Hilary Rosen, reste sceptique. Les annonces successives de Napster par voie de presse ne sont pas vraiment pour lui plaire. "Nos entreprises plaignantes se sont toujours déclarées prêtes à vous rencontrer individuellement pour discuter de futures licences. Cette voie serait plus productive que d’essayer de lancer des négociations commerciales en se servant des médias", déclare-t-elle dans un communiqué. Napster est finalement pris entre deux feux. Il doit séduire l’industrie du disque pour pouvoir poursuivre ses activités, mais aussi ses 64 millions d’utilisateurs enregistrés qui téléchargent ou proposent gratuitement de la musique depuis plusieurs mois. Beaucoup voient d’un mauvais œil le passage à un Napster payant - les abonnements iront de 2,95 à 9,95 dollars par mois (entre 21 et 71 francs) - et les restrictions annoncées concernant la qualité du son et la possibilité de copier les musiques sur CD.