Une nouvelle étude de Jupiter Communications ravaude les idées reçues : le fait d’utiliser Napster fait exploser le budget musical de la plupart des internautes. Le "p-to-p" est générateur de consommation et donc bénéfique au marché du disque.
Au commencement étaient les napstériens. Puis vinrent très vite les anti-napstériens, ceux qui virent dans ce logiciel de recherche et d’échange gratuits de fichiers musicaux la fin de tout : la fin du copyright, donc des bénéfices, donc de l’industrie du disque. On pensait, en toute logique, que si un morceau de musique pouvait être écouté gratuitement, aucun consommateur ne serait assez stupide pour continuer à l’écouter en payant.
À l’appui de ce constat, des études, comme celle de Soundscan en mai 2000, qui notait que les ventes de CD étaient en chute libre dans les zones universitaires américaines, lieux où les logiciels comme Napster font un carton. De là à incriminer ces logiciels, en vertu du vieux système des vases communicants (ce qui apparaît dans un endroit disparaît forcément d’un autre), il n’y avait qu’un pas.
Sauf que les choses ne sont peut-être pas aussi simples que cela. C’est en tout cas ce que révèle une étude du très sérieux cabinet américain Jupiter Communications, qui pointe un chiffre inattendu : les napstériens ont 45 % de plus de chances d’accroître leur budget musical que les non-napstériens ! Le succès de Napster et du "p-to-p" (peer to peer) s’avère donc être une chance pour l’industrie musicale. Et ce serait encore meilleur pour le marché si ces deux entités ennemies consentaient à s’allier.
Plus on télécharge, plus on achète
Le rapport de Jupiter s’appuie, entre autres, sur une enquête de longue haleine, menée auprès de plus de 2 000 internautes fans de musique en ligne. On a demandé aux moins de 25 ans si leurs dépenses en musique avaient augmenté, décliné ou étaient restées semblables depuis qu’ils téléchargent gratuitement les morceaux. Les résultats sont criants : aucun d’entre eux n’a réduit ses dépenses, ceux qui ont dépensé moins de 20 dollars sur une période de trois mois ont également peu téléchargé et ceux qui téléchargent davantage ont vu leurs dépenses s’accroître !
C’est qu’un détail a peut-être été oublié par les tenants du copyright pur et dur : écouter de la musique génère un besoin d’en écouter encore plus. L’étude ne dit pas si cet accroissement du poste de dépense musicale concerne surtout les supports traditionnels, comme le CD, ou le téléchargement payant. Mais il ne fait aucun doute que Napster, qui est toujours en procès contre les majors de l’industrie musicale, saura utiliser l’argument.