En manque de fonds, le réseau d’information locale s’apprête à licencier. La direction cherche de nouveaux investisseurs, sans exclure un rapprochement avec le concurrent Viapolis.
Nouveau coup dur dans la presse en ligne. Cette fois-ci, c’est Vivalaville, le réseau de sites d’information locale contrôlé par le Télégramme de Brest, le Républicain Lorrain et l’Alsace, qui souffre. Cinq mois après le lancement d’une dizaine de nouveaux sites (dont Lyon, Marseille, Bordeaux et Paris), Vivalaville manque de fonds pour poursuivre l’aventure. Conséquence, une quarantaine de salariés (sur un total de 52) devraient recevoir une lettre de convocation à un entretien préalable "en vue d’un licenciement économique". "Les lettres sont parties", confirme le directeur général de Vivalaville, Francis Jaluzot, sans commenter le nombre de licenciements. "Cela ne veut pas dire que le plan social ne sera pas amendé, voire abandonné. Pour le moment personne n’est licencié et je me battrai pour que cela n’arrive pas", insiste-t-il.
Dépôt de bilan exclu
La situation de Vivalaville ne laisse malheureusement guère de place à l’optimisme. Le chiffre d’affaires 2001 devrait se situer entre 9 et 14 millions de francs au lieu des 30 millions prévus. "Les actionnaires ne sont plus en mesure d’assurer financièrement le développement du réseau national, reconnaît Francis Jaluzot. Ils ne remettront donc pas d’argent. Mais ils assureront la pérennité de l’entreprise, avec des équipes restreintes s’il le faut. Il n’y aura donc pas de dépôt de bilan." Les éventuels charognards sont prévenus.
En fait, la direction de Vivalaville envisage deux scénarios. Premier cas, de nouveaux investisseurs rejoignent le groupe de contrôle historique. Mais, de l’aveu même de la direction, cette perspective ne remettrait pas en cause le plan de licenciements. Plusieurs investisseurs potentiels, dont le groupe Lagardère, ont déjà été approchés. Sans succès jusqu’ici. Deuxième hypothèse, Vivalaville opère un rapprochement avec le réseau concurrent Viapolis, qui regroupe plusieurs titres régionaux (Sud-Ouest, Le Progrès, La Voix du Nord...) et nationaux (Libération, Le Figaro). Ce réseau a déjà comme co-actionnaire... le groupe Lagardère. "Nous avons des contacts réguliers, depuis neuf mois, avec Viapolis", reconnaît Francis Jaluzot.
Plusieurs sites en danger
Dans cette hypothèse, Vivalaville préserverait sans doute des emplois dans les sites rattachés à un titre régional, comme celui de Brest avec le Télégramme ou celui de Nantes avec l’Hebdo. Mais les sites créés ex nihilo - tels Bordeaux, Paris, Marseille, Montpellier, Lille ou Lyon - risqueraient de disparaître. Tout comme les sites sur lesquels Viapolis est déjà présent. Une fusion Viapolis/Vivalaville n’est de toute façon pas encore acquise. Vivalaville souhaite faire entendre sa voix, et n’entrerait dans un ensemble commun qu’à certaines conditions. "Il faudrait en particulier que Viapolis soit prêt à reprendre au moins en partie notre technologie, qui est très bonne", insiste Francis Jaluzot.
Rédactions désabusées
Loin de ces tractations, les équipes rédactionnelles de Vivalaville apparaissent désabusées. Plusieurs rédacteurs et responsables de sites (les EOL, ou éditeurs on line) regrettent que les actionnaires ne leur aient pas laissé davantage de temps pour faire leur preuves. "Notre audience croît alors que nous n’avons quasiment pas communiqué, notre information plaît. Il faut encore améliorer un peu la technique, mais, sur le plan éditorial, c’est une réussite, confie, amer, un journaliste. Notre problème est peut-être que notre information de proximité s’adresse avant tout à un public qui n’est pas encore vraiment connecté, mais qui le sera assurément d’ici deux ou trois ans."