Composer de la musique sans instruments, grâce à des puces électroniques intégrées aux vêtements ? C’est possible depuis l’invention d’un chercheur japonais.
Dans le métro, dans la salle d’attente du médecin, on a toujours un petit air dans la tête. Mais on ne va pas le chanter à tue-tête, de peur de déranger son voisin en pleins mots croisés. Kazushi Nishimoto, un ingénieur informaticien mélomane, a créé un instrument pour composer et jouer de la musique sur mesure pour ce genre de situation. Ce dispositif fait partie de cette nouvelle génération d’instruments, qui jouent sur l’interaction entre le corps et la composition musicale.
Dans leur laboratoire d’Intégration et de communication à Kyoto (ATR), Kazushi Nishimoto et ses chercheurs ont imaginé des vêtements bourrés de capteurs sensoriels, les "CosTune", qui permettent aux musiciens de créer partout : dans la rue, dans le métro ou au supermarché. Les motifs métalliques d’un t-shirt deviennent, par exemple, les touches d’un clavier de piano ou d’accordéon... Grâce à une technologie similaire à celle du synthétiseur, dont les touches sont des petits capteurs cachés dans les mailles d’un vêtement. Le système permet également de travailler à plusieurs : les musiciens peuvent se transmettre leurs compositions grâce à un dispositif de transmission sans fil (wireless), à travers leurs casques.
Au Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston, ce sont les danseurs qui expérimentent cette nouvelle technologie, pour observer l’interaction entre les mouvements du corps et la musique qu’ils peuvent engendrer. Les capteurs qui couvrent chacun de leurs membres envoient des données aux ordinateurs, qui traduisent les mouvements en phrases musicales. Tomie Hann, ethnomusicologue et danseuse, étudie ce système sur la chorégraphie japonaise. Elle explique : " Quand je bouge, la danse et la musique s’imbriquent, et je ne sais plus si je danse sur la musique ou si la musique crée la danse. "