Le nouveau chantier de Microsoft consiste à intégrer à Windows l’identification par les yeux ou les empreintes digitales. Mais une fois de plus, la firme de Gates cherche à développer son programme propriétaire.
Utilisateurs de Windows, vos empreintes digitales, vos iris et votre voix seront bientôt vos biens les plus chers. Avec eux, plus besoin de mot de passe : ils vous serviront d’identifiant pour vous connecter à votre machine, signer vos mails ou effectuer des transactions sécurisées. Microsoft a en effet annoncé le 2 mai la signature d’un partenariat avec I/O Software pour intégrer des API (Application Program Interface) d’identification biométrique dans les futures versions de Windows. Le but est d’obtenir un système à la fois plus sûr et plus pratique qu’un mot de passe ou une phrase-clé, faciles à percer ou à oublier.
Biométrie sous Linux ?
L’annonce de Microsoft a cependant fait bondir les responsables de BioAPI, un consortium international qui regroupe 51 membres, dont Intel, Compaq, NEC ou la NSA (National Security Agency). En effet BioApi travaille depuis deux ans au développement d’une application pour identification biométrique, susceptible de devenir un standard industriel non seulement sous Windows mais aussi sous UNIX et Linux. Les spécifications de cette API (disponibles sur http://www.bioapi.org) relèvent du domaine public et peuvent être implémentées sans royalties. La mise au point du standard devrait être achevée au troisième trimestre 2000, d’abord sous Windows puis pour d’autres systèmes d’exploitation.
Cafouillages
BioAPI s’étonne donc que Microsoft choisisse de se tourner vers une technologie propriétaire. Ses responsables craignent que cela ralentisse la diffusion des technologies biométriques mais aussi qu’on assiste aux mêmes cafouillages que pour les standards DVD. Le consortium a néanmoins affirmé qu’il ferait son possible pour intégrer la technologie développée par I/O Software dans les spécifications BioAPI. L’espoir étant bien évidemment que Microsoft intègre le collectif ou du moins qu’il en adopte le standard. Dans une lettre ouverte adressée le 3 mai aux membres de BioAPI, William Saito, le PDG de I/O Software, lui-même membre du consortium, se veut rassurant : "I/O Software et Microsoft envisagent de coopérer avec BioAPI et de prendre part à son développement." Qui en douterait ?