Dans le train rentrant de Londres où il est allé présenter l’OPE aux analystes financiers, Michel Meyer, le patron de Multimania, répond aux questions de Transfert sur l’accord avec Lycos Europe.
Michel Meyer et Olivier Heckmann, les deux boss de MultimaniaResovaglio/Transfert |
Où en est-on de l’OPE de Lycos Europe sur Multimania ?
Sur le principe, tout est bouclé : nous avons vendu, aujourd’hui (jeudi 2 novembre 2000) 31,7 % de Multimania à Lycos Europe et des contrats d’apports ont été faits pour 38,6 % d’autres actionnaires. Donc le deal est conclu. Il reste à le mettre en forme juridiquement.
Il y a eu d’autres offres que celle de Lycos ?
Disons que nous avions été approchés par plusieurs sociétés, françaises et européennes, que je ne peux pas citer. Mais nous connaissions Lycos depuis longtemps et nous avions des contacts avec eux depuis l’été. Les discussions se sont accélérées dans les deux dernières semaines.
Pourquoi avoir préféré Lycos ?
D’abord parce que c’est un portail, ensuite parce que c’est une société qui a une stratégie multimarque intelligente. Il nous a semblé pertinent de nous intégrer à un réseau européen qui a une taille critique intéressante. Et, avec Lycos, Tripod, Spray et Caramail [autres sociétés du groupe Lycos Europe, ndlr] nous avons une taille critique à atteindre en France. Le problème était d’accélérer la croissance. On a étudié le rachat de plus petits comme l’intégration dans des plus gros. Nous avons choisi cette option car elle nous a semblé la meilleure pour nos actionnaires. Il y a une vraie pression pour atteindre la taille critique et attirer des campagnes de pub, des marchands, etc.
Quelles seront - si vous en avez - vos responsabilités au sein de Lycos Europe ?
Je vais jouer un rôle important dans la structure française, et je rejoins la direction générale européenne avec un rôle qui reste encore à définir. Je reste bien sûr aux commandes de Multimania.
Lycos dispose encore d’une trésorerie confortable. Quelles seront les prochaines cibles, selon vous ?
Il n’y aura plus, je pense, de deal de l’importance de celui conclu avec Multimania au niveau français. Il y aura sans doute des opérations sur des domaines plus pointus. Au niveau européen, en revanche, on peut s’attendre à d’autres rachats.
Avec cette OPE, le cours de Multimania ressort à 23,57 euros, soit 35 % de moins-value par rapport au cours d’introduction. Le cours de Lycos Europe ne se porte pas bien non plus. Multimania aurait-il donc été une mauvaise affaire en Bourse ?
On aurait pu penser cela si le deal avait été réglé en cash. Mais c’est un échange d’actions. Donc, il faut maintenant regarder le potentiel de Lycos Europe ; je pense qu’il est plus fort encore que celui de Multimania seul. Il faudra voir cela dans douze ou dix-huit mois.
Mais pour le petit actionnaire qui n’a pu avoir qu’une action, c’est une perte.
S’il vend, bien sûr, il va perdre. Mais il peut acheter deux autres actions Multimania pour les échanger contre du Lycos, ou garder son titre, même si c’est une mauvaise idée car il y aura sans doute peu d’échanges de titres sur Multimania après l’OPE.
De l’esprit de The Virtual Baguette au giron de Bertelsmann, Multimania n’a-t-il pas perdu son âme ?
Non, je ne pense pas. Lycos est une société culturellement proche de nous. L’aventure continue.