Deux études américaines, rendues public le mercredi 20 juin 2001, dressent un constat sur les avances sexuelles dont sont victimes les enfants sur le Web.
Deux études font le point sur l’importance de la sollicitation sur Internet dont les enfants et adolescents américains font l’objet par des pédophiles. La première dresse un constat sévère et alarmiste. Elle a été menée par un centre de recherche sur les crimes perpétrés contre les enfants, dépendant de l’Université du New Hampshire. La seconde, plus modérée, a été réalisée par le " Pew Internet research center ", une fondation qui s’est spécialisé dans l’étude de l’impact d’Internet sur les jeunes internautes. Ces deux rapports, qui ont été rendus public le mercredi 20 juin 2001 par le Journal de l’American Medical association, constituent les deux premières études sérieuses sur le sujet.
Pour le Crimes Against Children Research Center (CCRC) de l’université du New Hampshire, qui a recueilli les témoignages par téléphone de 1501 jeunes - âgés de 10 à 17 ans, entre le mois d’août 1999 et le mois de février 2000 - 19% des enfants interrogés ont reconnu avoir été sexuellement sollicités au moins une fois durant l’année écoulée.. 3% d’entre eux assurent que ces avances malsaines avaient souvent un caractère agressif. Seulement 10 % de ces propositions ont été rapportées à la police et la majorité des enfants et parents questionnés ont confié ne pas savoir à qui s’adresser pour ce genre d’incident. Toujours selon le CCRC, un adolescent sur quatre s’est dit troublé et effrayé par ces propositions. L’étude ajoute que ni les systèmes de filtres ni la surveillance des parents ne peuvent diminuer le danger pour un enfant d’être sexuellement sollicité en ligne. Un constat auquel s’oppose l’étude du Pew research center.
Moins alarmiste, elle affirme que 75% des jeunes Américains sollicités en ligne ne se sentent pas angoissés par l’expérience. Par contre, l’étude - faite à partir des témoignages de 754 enfants âgés de 12 à 17 ans sur une période d’un mois - invite à informer davantage les parents et leurs enfants des dangers réels que représentent d’éventuelles propositions en ligne. En résumé : multiplier les mesures de prévention. L’étude assure également que " si aucun des enfants sollicités en ligne n’a été physiquement agressé, cela ne veut pas pour autant dire que de tels abus n’existent pas mais qu’ils sont moins courants que les autres , telle l’inceste". Ainsi 60% des jeunes internautes disent avoir reçu des messages de toutes sortes de la part d’inconnus. Parmi eux, 57% déclarent régulièrement bloquer la réception de ces messages indésirables sur leur ordinateur.
Déjà, la situation décrite dans ces deux études, suscite des réactions contraires. Citée par le New York Times, Donna Hoffman, spécialiste du commerce électronique et professeur de l’université Vanderbilt (Tennessee), rappelle que " il y a des criminels aux coins des rues et il y a des pédophiles sur le Net. Mais c’est seulement la façon dont nos enfants sont prévenus de ces dangers qui importe. Lorsque vous apprenez à vos enfants à ne jamais accepter de bonbons de la part d’un inconnu vous leur apprenez aussi à ne pas répondre aux personnes inconnues sur Internet ". Un argument qui pour Donna Rice Hughes - une " activiste antipornographie ", consultante pour une compagnie spécialisée dans la vente de logiciels de filtrage parental - est loin d’être suffisant. Celle-ci affirme que " le fait que 75 % des jeunes internautes avouent ne pas êtres effrayés par ces sollicitations en ligne est un signe d’insensibilité à cette question ". Hum, la conseillère ne chercherait-elle pas plutôt à " booster " l’attrait pour les systèmes de filtre ? Dont l’utilisation représente quoi qu’il en soit, un palliatif insuffisant à la bonne vieille méthode de la prévention familiale.
Site du Pew research center
http://www.pewinternet.org/
Site de l’American Medical Association
http://www.ama-assn.org/
Site de l’université du New Hampshire
http://www.unh.edu/
Site du département Crimes against Children research center
http://www.unh.edu/ccrc/
Article du New York Times
http://www.nytimes.com/2001/06/20/t...