Mangoosta augmente ses tarifs haut débit, au moment où France Télécom baisse ses tarifs de gros. Mais la société de Marie-Eve Schauber n’a pas le choix, si elle veut garder la maîtrise de ses finances.
Difficile de tenir la longueur quand on doit concurrencer l’opérateur historique. Et que celui-ci vous met des bâtons dans les roues. Mangoosta, qui s’est affirmé comme le premier opérateur alternatif à France Télécom, commence à peiner. La société de Marie-Eve Schauber a dû se résoudre à augmenter ses tarifs ADSL, reconnus comme les moins chers du marché. L’offre grand public passe de 290 à 390 francs et l’offre professionnelle de 620 à 750 francs. Pourtant, France Télécom baissera prochainement ses tarifs de gros sur le haut débit à destination des fournisseurs d’accès. C’est la conséquence de la plainte déposée par Liberty Surf en novembre dernier, acceptée par l’Autorité de régulations des télécommunications (ART). Des tarifs plus raisonnables ont été fixés pour 2001 par l’ART : 210 francs mensuels par accès, plus 1 330 francs mensuels par mégabit/seconde. Des prix inférieurs de 40 à 80 % à ceux pratiqués jusqu’à présent !
Deux milliards d’investissements
Pour Mangoosta, les incertitudes concernant le dégroupage l’obligent néanmoins à faire une pause dans sa conquête de nouveaux clients. Malgré l’obtention de sa licence d’opérateur d’infrastructure réseau, en janvier, Mangoosta reste encore un revendeur de l’offre de France Télécom, ce qui l’empêche de rentabiliser ses 10 000 abonnements. Les relations entre les deux sociétés restent donc tendues. En janvier, Mangoosta avait même assigné l’opérateur national en justice pour l’obliger à mettre fin à des déconnexions récurrentes. Sur les deux prochaines années, ce sont deux milliards de francs que Mangoosta devra investir rien que dans l’achat des équipement ADSL. En pleine recherche de fonds, la start-up ne peut donc plus prendre de risque financier. Une prudence que ne connaît pas France Télécom. Son PDG, Michel Bon, vient de déclarer que, d’ici à la fin 2001, son fournisseur d’accès Wanadoo visait 260 000 des 600 000 clients ADSL français. Le gâteau est difficile à partager.