Le procès de Mafiaboy, accusé d’avoir bloqué l’accès à plusieurs sites phare en févier 2000, vient de reprendre.
Mafiaboy, qui plaide coupable de 58 chefs d’accusation et risque deux ans de prison et 1 000 dollars canadiens d’amende pour avoir bloqué l’accès, en février 2000, à plusieurs sites phare de la nouvelle économie, a vu son procès réouvrir à Montréal mardi 28 août. Alors que son piratage supposé avait fait, l’an passé, les gros titres de la presse internationale, qui n’hésitait pas à parler de 1,7 milliards de dollars de dégâts, il semble que le procès s’oriente vers une vison plus raisonnable des dommages : le procureur a lui-même reconnu que les préjudices n’excédaient pas... 3,9 millions de dollars. Lors de cette nouvelle audience, il est également apparu que le FBI avait déjà, fin 1999, contacté le père de Mafiaboy : l’ordinateur familial avait déjà, selon eux, servi à effectuer une tentative d’intrusion intempestive. Celui que d’aucuns qualifient encore de cyberterroriste, qui a déjà passé trois semaines en prison et qui n’a toujours pas le droit d’utiliser un ordinateur, apparaît sous son vrai jour : un adolescent fasciné par Internet qui a voulu jouer avec le feu.
"Born to use computers"
Selon Hanny Chung, l’expert qui a étudié sa personnalité (un éducateur, selon l’AFP, un spécialiste de la sécurité informatique auprès de la gendarmerie royale du Canada selon l’agence Presse canadienne), le jeune "pirate informatique" serait "né pour utiliser des ordinateurs", mais n’éprouverait aucun remords, et pourrait même récidiver. Aussi propose-t-il que ce canadien de 17 ans, dont le nom ne peut être révélé puisqu’il est mineur, soit condamné à cinq mois de prison fermes. Louise Bellefeuille, une criminologue citée par la défense, affirme, quant à elle, que Mafiaboy a compris la leçon, et n’est pas prêt de recommencer. Ses parents ont rappelé que l’adolescent n’avait commis aucun crime violent, et qu’il lui serait plus utile de finir ses études, pour entamer une carrière dans le secteur informatique, que d’aller en prison. Le procureur de la Couronne, Louis Miville-Deschênes, s’est déclaré moyennement satisfait par la proposition de cinq mois de prison. Yan Romanowski, avocat du prévenu, opte pour des travaux d’utilité publique. Ils plaident tous deux ce mercredi.