"Voiture communicante", portail Internet pour automobilistes et développement des "services embarqués" : les constructeurs allemands branchent leurs modèles haut de gamme sur le Réseau. La concurrence européenne, française notamment, n’est pas en reste.
Quelque 58 % des Allemands souhaiteraient disposer d’une connexion Internet dans leur voiture. C’est le principal enseignement d’un sondage récent commandé par... Volkswagen. Et bien sûr, les constructeurs automobiles allemands n’entendent pas les décevoir. Cette semaine, DaimlerChrysler et T-Online, la filiale Internet de Deutsche Telekom, ont ainsi annoncé la création de Dcx Net Holding, un joint-venture doté d’un capital de départ de 20 millions d’euros, appelée à développer un portail Internet pour les automobilistes. On pourra le consulter à partir d’un téléphone portable, d’un micro-ordinateur ou d’un terminal installé dans la voiture. Outre les prestations classiques de type navigateur de bord ou météo, l’automobiliste pourra envoyer et lire ses e-mails, faire son shopping ou encore réserver un billet d’avion ou une chambre d’hôtel. Une partie des opérations pourrait, à terme, s’effectuer par commande vocale, afin de ne pas gêner la conduite.
L’offre Dcx s’adressera d’abord aux possesseurs de modèles Mercedes haut de gamme mais aussi de Smart, puis, dans un deuxième temps, à tout automobiliste, quelle que soit la marque de son véhicule. DaimlerChrysler et T-Online tablent sur 100 000 clients et espèrent réaliser un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros dans les deux ans suivant le lancement du service prévu pour l’été 2001.
Une pièce de rechange, svp
L’annonce de DaimlerChrysler ne vient pas seule. BMW prévoit également le lancement d’un projet similaire pour le début de 2001. Quant à Volkswagen, elle a fait sensation, fin novembre à Hambourg, en présentant un prototype de voiture entièrement communicante. ...quipée d’une connexion UMTS et d’une puce Bluetooth permettant une mise en réseau sans fil des équipements "embarqués", cette voiture du futur est dotée de tout ce que le monde du multimédia peut offrir : écrans intégrés aux sièges, micro-ordinateurs, DVD, connexion Internet, etc... Selon les désirs, la "voiture-Internet" se transformera en espace de travail ou de loisir, les passagers pouvant, par exemple, charger des films, des vidéo-clips ou des jeux sur le Net. Plus fort encore, le système devrait aussi permettre de centraliser la gestion des fonctions électroniques et de gérer une partie de la maintenance de la voiture. En projet : un système de senseurs détectant les dysfonctionnements, les pièces défectueuses, capable de signaler automatiquement au constructeur le besoin en pièces de rechange.
Pour l’instant, le modèle VW reste encore au stade du prototype et ne devrait pas arriver sur le marché avant deux ou trois ans. Le modèle présenté coûte encore "à peu près aussi cher qu’une Lamborghini", avoue-t-on au service recherche et développement de VW. Prototype cher et qui pourrait ne pas se révéler aussi merveilleux que prévu. Le chargement des vidéos via Internet est encore un doux rêve, même avec l’UMTS. Le récent et premier test du genre a fini par un écroulement du réseau. Sans compter le prix des communication téléphonique que cela suppose pour le client...
Voiture sans fil
Ailleurs en Europe, la concurrence n’est pas en reste. En février 2000, le constructeur suédois Volvo a créé la société Wirelesscar, en coopération avec Ericsson et Telia, une entreprise suédoise de télécommunications. Quant aux français PSA et Vivendi, ils ont lancé en commun Egery au mois d’août dernier, une société elle aussi destinée à offrir des " services embarqués " à l’automobiliste, via Internet. À terme, Egery ne devrait pas rester une alliance franco-française. D’autres constructeurs automobiles, comme Ford Europe, pourraient prochainement se joindre au projet. Et pour l’instant, le projet français semble avoir une longueur d’avance sur ses concurrents puisque, dès l’été prochain, Egery offrira ses services non seulement en France mais aussi en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Italie et en Espagne.
Sur ce nouveau créneau du e-commerce, la bataille que les grands constructeurs européens s’apprêtent à livrer s’annonce particulièrement âpre. En effet, le volume d’affaires du e-commerce en Europe pourrait, nous dit-on, atteindre 23 milliards d’euros à l’horizon 2003. Et selon certains, près d’un tiers des transactions devraient s’effectuer à partir de la voiture... Perspective peu réaliste, mais tellement agréable à croire pour un constructeur automobile...