Emprisonné depuis le 16 juillet suite à la plainte de l’éditeur de logiciel, Adobe, Dmitry Sklyarov, a été libéré grâce à la caution de 50 000 dollars versée par son employeur.
Lundi 6 août, Dmitry Sklyarov a été libéré sous caution. Emprisonné depuis le 16 juillet suite à la plainte d’Adobe, le jeune programmeur russe est aujourd’hui à l’air libre grâce à la caution de 50 000 dollars versée par son employeur, l’entreprise Elcomsoft. Il reste néanmoins sous étroite surveillance. Confié aux bons soins d’un compatriote habitant aux ...tats-Unis, Dmitry Sklyarov est assigné à résidence. Sa liberté de mouvement est plutôt restreinte. Le jeune homme ne doit pas aller au-delà du nord de la Californie, ses déplacements font l’objet d’une escorte policière et, pour éviter toute fuite, son passeport, confisqué lors de son arrestation, reste entre les mains du procureur général des ...tats-Unis. Poursuivi par la justice américaine, le jeune homme passera en audience le 23 août pour avoir contrevenu au Digital Millenium Copyright Act (DMCA), en vigueur depuis 1998.
Contourner le système de cryptage
Cette loi, très controversée aux ...tats-Unis parce que trop restrictive, interdit à quiconque de fournir au public une technologie, un produit, un service, un composant dont le principal objectif est de contourner les systèmes de protection informatique. Or, voilà que lors d’une visite au defcon à Las Vegas, Dmitry Sklyarov a eu le malheur de parler du programme édité par sa société et dont il est l’un des concepteurs. Le logiciel d’Elcomsoft permet, en effet, de contourner le système de cryptage des livres électroniques vendus sur Internet et conçu par Adobe. Il empêche d’imprimer, de faire des copies ou de lire un texte sur un autre ordinateur que celui sur lequel il a été téléchargé. Autrement dit, le programme d’Elcomsoft permet de lire un ebook acheté sur Internet sous un format PDF, en désactivant les restrictions d‘Adobe.
Complexité juridique
À l’heure qu’il est, pourtant, Adobe a retiré sa plainte suite à la pression bénéfique de l’Electronic Frontier Foundation (EFF), une association de défense des libertés civiles. Mais le ministère de la Justice maintient ses poursuites contre le programmeur. Et les débats juridiques risquent d’être, dans les prochaines semaines, assez ardus. En effet, pourquoi ne pas poursuivre la société Elcomsoft, éditeur du logiciel litigieux et responsable légal devant la justice, au lieu d’un de ses employés ? La communauté des informaticiens a déjà fait savoir qu’elle trouvait injuste le sort fait à Dmitry Sklyarov . Elle compte bien, lors de ce premier procès au pénal, remettre en cause la légitimité de la loi américaine qui a permis d’envoyer l’informaticien en prison.
La
réaction des internautes russes
Les internautes russes ont, eux aussi, réagi à larrestation
de leur compatriote. Leurs interventions sur le forum de ZDNet.ru sont partagées.
Extraits :
Le Mitnick local ?
" C’est notre Mitnik local. On va lui taper la tête contre une
étagère pendant cinq ou six heures pour décourager
les autres, et puis on le libèrera dans six mois. "
Réponse : " La comparaison avec Mitnik ne marche pas. D’abord,
parce que Mitnik, pour autant que je m’en souvienne, était l’incarnation
des idées d’autres personnes, alors que Sklyarov a simplement mis
en pratique ses propres idées. Ensuite, parce que ça a coûté
cher à Mitnik. Dieu fasse qu’il n’arrive pas la même chose
à Sklyarov. "
Que fait le ministère de la Justice russe ?
" Notre ministère de l’Intérieur m’énerve et m’étonne.
Il autorise un citoyen russe à sortir du pays, que l’on juge avec
des lois étrangères, mais le ministère se tait comme
si c’était normal. Les Américains vont mettre en taule la
moitié de la Russie sous prétexte qu’on commence à
y boire avant l’âge de 21 ans, et le ministère continuera à
la fermer de la même façon ? "
Bien fait ?
" Elkomsoft a proposé ses services à Adobe ? Non, ils
se sont dépêchés de faire du fric de manière
non-civilisée d’après Adobe , en portant préjudice
à Adobe. Ils se sont contentés de se remplir les poches, et
maintenant ils s’attendent à ce qu’on se comporte gentiment avec
eux. Excusez-moi, mais c’est ça, quand on veut jouer dans une autre
catégorie de poids. "
" Finalement, ce n’est pas si mal. On cassera les logiciels commerciaux
plus souvent et à plus grande échelle, mais sans le dire.
Les softs "pliés" deviendront plus prestigieux que les
softs légaux... " |