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22/07/2001 • 19h01

Lettre ouverte à Jacques Chirac

Monsieur le président,

Permets-moi, d’abord, de te tutoyer. J’ai 30 ans, tu en as 69. Mais comment pourrais-tu me réclamer le respect après ce qui s’est passé à Gênes ?

Là-bas, Carlo Giulani est mort, tué par les balles des carabiniers. Il avait 23 ans et il ignorait certainement qu’il vivait son dernier été. Toi, tu étais sur place. Tu causais tranquillement Afrique et réchauffement climatique avec tes copains du G8. Vous étiez de l’autre côté des barricades, à l’intérieur du bunker des grands de ce monde, dans ce cocon irréel que vous aviez baptisé "zone rouge". Il paraît que l’information du décès de Carlo a mis beaucoup de temps à vous parvenir. Pauvres de vous... Si puissants, si protégés par 20 000 policiers, si bien nourris et bien soignés, vous ignoriez tout du drame. À l’heure d’Internet et des nouvelles technologies, alors que toutes les télévisions, les radios, les agences et les sites du monde vibrionnaient de la nouvelle, vous étiez ignorants. Un drame se déroulait sous vos fenêtres, mais vous aviez fermé les volets.

Quand, enfin, tu as appris la nouvelle, tu as dû être étonné, choqué même. Par le biais d’une de tes porte-parole, tu t’es, très vite, déclaré "consterné". Lors de ta conférence de presse du soir, tu as exhorté tes copains du G8 à "prendre en compte" les préoccupations des opposants à la mondialisation. Tu avais compris, disais-tu, que les manifestations de Gênes étaient "représentatives d’une certaine forme de la démocratie moderne".

Allez, je veux même bien croire qu’à ce moment-là, tu aurais préféré être dans leur camp. Du côté de la colère et de la vie, dans le parti de la jeunesse. Toi, le Chirac des jurons à l’emporte-pièce et des colères au quart de tour. Mais, alors, putain, c’est à ce moment-là qu’il fallait bouger ! C’est tout de suite qu’il fallait taper du poing sur la table et quitter ce G8 de la violence ! Pourtant, tu es resté... Ce courage-là, tu ne l’as pas trouvé.

Après, il était trop tard. Tout s’est enchaîné, dans le ridicule et dans la honte. Dans la soirée, toi et tes potes, vous avez interrompu votre dîner officiel pour pondre un communiqué. "Nous souhaitons fermement condamner toute forme de violence. Nous appelons tous ceux qui manifestent pacifiquement (...) à montrer l’exemple en isolant les fauteurs de troubles." Isoler les fauteurs de trouble... Demander ça à des manifestants pacifiques, en tee-shirts et non armés. Quelle défaite... Quelle reconnaissance de votre impuissance. Vous n’avez même pas mentionné la mort de Carlo. Vous n’avez même pas donné quelques mots de regrets à son père qui, à ce moment-là, devait être effondré.

Et puis, tu es rentré dormir à ton hôtel. Ta nuit a dû être difficile car, samedi, tu étais de méchante humeur. Tu as eu un "dialogue musclé" avec ton copain Georges Bush à propos du Protocole de Kyoto. Tu as insisté pour faire valoir vos "divergences de points de vue" sur le sujet. Et lorsque vous avez abordé le thème des manifestations de Gênes, tu a dû en baver. Lui : "Ces manifestants qui tentent d’arrêter nos discussions sur le commerce et l’aide aux pays pauvres ne représentent pas les pauvres." Toi : "Je suis traumatisé par la mort du manifestant italien." Lui : "Cette perte d’une vie humaine est tragique mais c’est également tragique qu’autant de policiers aient été blessés en essayant de protéger des dirigeants démocratiquement élus." Toi : sans mots. Son cynisme contre ton émotion.

Mais c’était trop tard. Et l’on s’en tape de ton émotion ! Encore une fois, ton seul courage aurait été de quitter ce sommet qui ne voulait pas s’arrêter ! Mais tu es resté. Jusqu’au bout. Je t’ai vu sur la photo officielle, prise samedi, en fin de journée. Tu étais entre Berlusconi (l’"assassini", conspué par les manifestants) et le président du Nigéria. Tu étais au premier rang. Tu souriais...

Maintenant tu es rentré à Paris, tout va bien et il n’y a plus ni casseurs, ni policiers. Mais comment vas-tu faire pour vivre avec la mort de Carlo ? Je n’étais pas à Gênes, mais un journaliste de transfert.net était sur place : il s’appelle Alexandre Piquard, il a 26 ans, trois ans de plus seulement que Carlo. Au fil des heures, il me racontait ce qu’il voyait, ce qu’il vivait. Il n’est pas prêt d’oublier ça. Et toi, comment vas-tu effacer ces images qui ont fait le tour du monde ? Des voitures renversées, des débris de lunettes, des cheveux jonchant le sol, des flaques de sang. Des policiers lynchant des jeunes à moitié nus. Un corps, celui de Carlo, traînant deux heures (deux heures !) sur la chaussée, avec autour des CRS en formation pour empêcher les journalistes de le photographier. À qui iras-tu demander pardon de ne pas avoir eu le courage de condamner cela ? Ne te tourne pas vers le père de Carlo. Laisse-le en paix. Il est exemplaire. Dès samedi, il a dit qu’il plaignait le carabinier responsable de la mort de son fils et que ce criminel lui inspirait seulement de la pitié.

Ne te tourne pas, non plus, vers les jeunes de Gênes, de France ou de Navarre car, eux, tout comme moi, ne sont pas prêts de te pardonner... Sais-tu que là-bas, ils ont sans doute perdu leurs dernières illusions sur l’...tat. Cet ...tat, à la dérive, symbolisé par huit vieux hommes retranchés dans leur citadelle assiégée. Cet ...tat incapable d’écouter et de dialoguer, incapable de protéger ceux qui seulement voulaient se faire entendre. À Gênes, tu as perdu un fils, tu as lâché ta jeunesse. Alors, il ne me reste qu’à te souhaiter de bonnes vacances, puisque c’est apparemment ta spécialité. Conserve seulement cette certitude : en 2002, nous n’aurons rien oublié. Et, plus tard, nous saurons le raconter à nos enfants.

 
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