Letsbuyit verra-t-il le nouveau millénaire ? En suspendant vendredi sa cotation à la Bourse de Francfort et en demandant à être placé sous tutelle judiciaire néerlandaise, le site européen d’achat groupé essaye de repousser sa déroute.
"Ah ! Les fêtes de fin d’année ! Notre liste de Noël a eu tellement de succès que nous continuons à vous proposer des prix de fêtes jusqu’au Nouvel An." La une du site de Letsbuyit sonne faux. Le site européen d’achat groupé n’a en effet plus les moyens de ses ambitions. À cours d’argent, il a demandé un moratoire pour le remboursement de ses dettes, et sa cotation à la Bourse de Francfort a été suspendue vendredi 29 décembre. Selon Stephen Cox, le porte-parole de la société, "il n’y a pas d’espoir qu’un plan de sauvetage intervienne rapidement". Cela fait en effet déjà un mois que la société d’origine suédoise recherche 80 millions d’euros et "un partenaire stratégique", idéalement un acteur de la grande distribution. Mais les investisseurs n’ont, semble-t-il, pas souhaité répondre à l’appel au secours du site, présent dans 14 pays. Pourtant, lors de son lancement en janvier 1999, il avait séduit de grands groupes comme BskyB, PPR ou encore Soffinova.
Entrée en Bourse ratée
Letsbuyit affichait des résultats en progression au troisième trimestre 2000, grâce au succès du concept d’achat en groupe dans les pays nordiques, en Allemagne et en Grande-Bretagne. Mais son entrée ratée à la Bourse de Francfort en juillet, aura été décisive. L’entreprise avait alors levé 66 millions d’euros au lieu des 130 millions espérés. De l’argent qui manque aujourd’hui terriblement. Et le licenciement de 20% de ses effectifs, en septembre dernier, n’aura pas été suffisant. Dernière chance pour la start-up, lever 80 millions d’euros dès janvier... et faire de bons chiffres de vente à Noël. Enfin, pas si sûr, car selon le porte-parole, les problèmes de trésorerie de cette fin d’année seraient dus à une augmentation des coûts de distribution en période de Noël. Une société en mal de financement qui se plaint de trop vendre, c’est peut-être cela le paradoxe de la Nouvelle économie.