Malgré le marasme ambiant dans le secteur de l’achat groupé, Letsbuyit ne doute pas. Portrait d’un géant européen sûr de son modèle et d’une de ses meilleures ambassadrices, Laurence Perratzi, directrice générale de Letsbuyit France
La fourmi, symbole de Letsbuyit, a laissé peu de miettes à ses potentiels concurrents européens. Créée en avril 1999 par trois Suédois, la société a affirmé dès le début vouloir le leadership européen. En douze mois, elle a donc investi quatorze pays. Stratégie bulldozer. Partie des pays nordiques en 1999, la société a vite essaimé en Allemagne et en Grande-Bretagne, avant d’attaquer les pays dits du sud, comme la France, l’Espagne ou l’Italie. Avec 75% des produits communs à tous les sites, Letsbuyit joue l’effet de masse. Des prix négociés pour les 14 pays, ce sont des prix négociés sur des volumes très importants, et donc un pouvoir de négociation incroyable face aux fournisseurs. Objectif : des remises alléchantes, entre 20 et 50%. "
Nous nous concentrons sur les produits qui permettent des économies de 30, 40 ou 50%, mais aussi sur les "killer deals", c’est-à-dire les produits à la mode", explique Laurence Perratzi, directrice générale de Letsbuyit France.
Des turbos
Une politique qui porte ses fruits, du moins dans les pays nordiques. Letsbuyit y est devenu le premier site de commerce électronique, jouant de son image de pionnier. En Allemagne et en Grande-Bretagne, les derniers chiffres de consultation sont éloquents. Letsbuyit arrive en troisième position juste après les Amazon, BOL ou encore Lastminute. Ces turbos tirent le reste de la troupe. En effet, l’Allemagne représente 47% du chiffre d’affaires, alors que la France ne pèse que pour 2%. Mais ne parlons plus de pays, cette notion a disparu des tablettes de Letsbuyit. Tout se pense "pan-européen". "Nous avons la chance d’avoir la vision européenne que les autres n’ont pas", lâche avec assurance Laurence Perratzi. Cible : 359 millions de consommateurs potentiels. Un marché qui lui permettrait d’atteindre la masse critique d’acheteurs. Celle qui a tant manqué aux sites d’achat groupé franco-français tels que Clust. Actuellement, environ 950 000 personnes se sont inscrites sur l’un des 14 sites du groupe. Mais parmi elles, seuls 20% sont des acheteurs.
Seul au monde
"Il ne restera que deux ou trois acteurs sur ce marché. Un américain, un européen et peut-être un autre", avance Laurence Perratzi. Aucune hésitation dans le discours. Il est rôdé. Les 20% d’effectif licencié en septembre ? "C’était le bon moment, alors que nous entrions dans notre seconde phase, celle de la pan-européanisation." Le terme devient lancinant. Et l’introduction, en juillet, à la Bourse de Francfort qui a rapporté 66 millions d’euros au lieu des 130 attendus ? "On l’a fait dans un moment très difficile étant donné l’instabilité des marchés boursiers. Lever 66 millions dans ces conditions est pour nous une réussite." Tout va donc très bien dans le monde Letsbuyit. Seul au monde ou presque, le groupe prévoit d’atteindre la rentabilité au 4e trimestre 2002. D’ici là, avec 66 millions d’euros en caisse, la société peut tenir encore une dizaine de mois. Après ? "L’achat groupé est une idée intelligente et simple. Le marché va exploser. Nos investisseurs nous suivront certainement." Certitude ou auto-persuasion ?
Demain : La France, désespoir des sites d’achat groupé
Le tableau récapitulatif des sites d’achats groupés