Fin Janvier, un habile escroc s’est fait passer pour un employé de Microsoft auprès de l’autorité de certification Verisign. Il est reparti avec deux authentiques certificats signés Microsoft. Des certificats qui lui permettent de distribuer un programme malveillant en faisant croire qu’il vient de la firme de Bill Gates.
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En janvier dernier, l’autorité de certification Verisign a pour le moins manqué de prudence : elle a délivré deux certificats au nom de Microsoft à un escroc. C’est ce qu’a révélé mercredi 21 mars, un communiqué laconique de Verisign, largement repris par la presse américaine. L’audacieux personnage s’est tout simplement fait passer pour un employé de Microsoft auprès de la firme californienne. Verisign a reconnu qu’un de ses employés n’avait pas été suffisamment rigoureux en vérifiant l’identité de l’imposteur.
Ces certificats permettent d’authentifier un programme qui est distribué par un moyen non sécurisé (e-mail, Internet) et de s’assurer qu’il n’a pas été altéré. Microsoft s’en sert, par exemple, pour proposer une mise à jour de Windows à partir de son site Internet (voir capture d’écran). Un programme ainsi authentifié donne donc "
les clés du système". Il pourrait permettre à l’escroc qui s’est emparé des certificats de prendre le contrôle des machines de plusieurs milliers d’utilisateurs, en leur faisant télécharger de faux programmes. Les deux vrais faux certificats sont datés du 30 et 31 janvier et les communiqués de Verisign et de Microsoft, largement repris dans la presse, dissuadent quiconque d’exécuter un programme daté de cette période.
Social-engineering
Verisign a immédiatement intégré les deux certificats dans une liste de révocation (CRL). Une précaution à l’efficacité limitée car, malheureusement, les navigateurs ne vont pas consulter d’eux-mêmes cette liste. Microsoft s’est donc, de son côté, lancé dans la réalisation d’un patch qui permettra de révoquer les deux certificats et de vérifier qu’aucun code signé par ceux-ci n’a entre-temps été exécuté sur aucune machine. Mais à l’heure actuelle, la firme de Seattle n’a pas précisé quand ce patch serait disponible. Dans son communiqué, l’entreprise va jusqu’à suggérer aux internautes – sans le conseiller explicitement – de retirer Verisign de la liste des autorités de certification de confiance (Verisign fait partie de cette liste par défaut dans toutes les versions d’Internet Explorer). En clair, ceci signifie que les utilisateurs devraient arrêter temporairement d’utiliser tous programmes authentifiés Verisign, y compris les "vrais" programmes de Microsoft ou d’autres éditeurs. Cette affaire prouve une fois de plus que le social-engineering (le piratage basé sur la manipulation des personnes) reste une menace capitale pour la sécurité des systèmes informatiques. Le 23 mars, à 17 heures (heure de Paris), soit quelques heures après la révélation de cette histoire, à l’ouverture du Nasdaq, l’action de Verisign avait perdu 6,79 %, alors que l’indice Nasdaq progressait dans le même temps de 2,15 %.
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