Le réseau ferré américain Amtrak a connecté son réseau informatique à celui de la Drug Enforcement Agency, qui "profile" ainsi les éventuels passeurs de drogue qu’elle va contrôler.
Amtrak est bien connu des amateurs de "railroad movie". C’est la fameuse compagnie de chemins de fer qui permet de traverser tous les ...tats-Unis. Et bien, la compagnie est... un indic ! Depuis des années, la Drug Enforcement Agency (DEA), bras antidrogue du ministère de la justice américain, aurait conclu un accord avec Amtrak : en échange des informations concernant ses passagers, la DEA offre en retour 10 % du montant des produits illicites qu’elle saisit. L’échange d’informations se fait via une ligne directe entre le terminal informatique d’Amtrak et celui de la DEA, ce qui lui permet de connaître l’identité et l’itinéraire des passagers, où et quand ils ont acheté leurs billets et s’ils ont payé en cash ou par carte de crédit. La DEA peut ainsi "profiler" ceux qu’elle voudra interroger, et quels bagages seront "reniflés" par ses chiens formés à la lutte anti-drogue. Amtrak a, par ailleurs, reconnu que ces informations étaient aussi confiées à d’autres agences que la DEA, mais sans préciser lesquelles.
Immigré suspect
L’Albuquerque Journal (Nouveau-Mexique), qui révèle l’affaire, rapporte ainsi l’histoire d’Hoang Tach, un immigré d’origine vietnamienne installé aux ...tats-Unis depuis 10 ans. La DEA lui a confisqué 148 000 dollars (plus d’un million de francs), qu’il convoyait en liquide et par ramettes bien ordonnées dans un sac à dos. L’agence ne se satisfait pas des explications de l’homme sur la provenance de l’argent (qu’il aurait gagné au casino), et a donc décidé de conserver la somme. Tach a été identifié grâce aux informations fournies par Amtrak, et contrôlé parce qu’il appartenait à une minorité ethnique, qu’il voyageait seul et qu’il avait payé son ticket de train, en liquide, sans acheter de billet retour. Autant d’indices suspects pour la DEA. Les associations de défense de la vie privée, interrogées sur le rôle d’auxiliaire de police endossé par Amtrak, dénoncent ainsi une "dérive dangereuse" tendant vers un profiling tendancieux et une criminalisation, par défaut, des pauvres (qui, ne disposant généralement pas de carte de crédit, paient souvent en cash) ainsi que des minorités raciales.
L’Albuquerque Journal (attention, c’est payant):
http://www.icopyright.com/ics/prc_m...