Après l’installation difficile de la version Red Hat 7.0 de Linux, nous sommes allés demander à l’éditeur ce qu’il pensait de nos déboires. Rencontre avec Jean-Marc Lange, responsable des ventes France et Colin Tenwick, vice-président Europe.
Après l’installation difficile de la version Red Hat 7.0 de Linux, nous sommes allés demander à l’éditeur ce qu’il pensait de nos déboires. Le monde Linux est lui-même conscient que ce système d’exploitation est plus adapté à des serveurs et au monde de l’entreprise qu’aux postes utilisateurs. Red Hat espère améliorer la situation en passant des accords directs avec les constructeurs. Les distributions ne sont donc visiblement pas une panacée. Rencontre avec Jean-Marc Lange, responsable des ventes France et Colin Tenwick, VP & General Manager Europe Middle East & Africa de Red Hat.
Pour un utilisateur de base, Linux n’est pas encore au point, notamment en ce qui concerne l’installation...
Jean Marc Lange : Red Hat est une version spécifique et commerciale de Linux. Nous faisons notre possible pour améliorer la simplicité d’installation de Linux. Mais il y a tellement de fabricants, de composants... La tâche est ardue. Nous sommes entrés dans un nouveau processus qui consiste à nous associer avec des fabricants d’ordinateurs [Dell notamment - NDLR] afin que tout fonctionne et soit certifié. Environ 8% des ordinateurs personnels marche avec Linux comme système d’exploitation. Dans ces conditions, vous comprenez mieux pourquoi les fabricants préfèrent s’assurer, avant toute chose, que leur matériel fonctionne avec Windows.
Justement, la Red Hat 7.0 semble comporter énormément de composants. Il faut pas mal de place sur le disque pour installer tout ça. Est-ce que l’on va vers une dérive à la Windows où l’on se retrouve avec des machins qui font bien plus de choses que ce dont on a besoin ?
J.-M. L. : On essaye de faire en sorte que Linux soit adapté aux souhaits et aux besoins des utilisateurs finaux. On leur propose donc quelque chose de très friendly. On aboutit forcément à des distributions de plus en plus sophistiquées. Mais notre activité principale, ce sont surtout les serveurs et les services. Les utilisateurs finaux, et donc, les distributions sur CD, telles que celle que vous avez utilisée, ne représentent que 5% environ de notre activité. Par ailleurs, nous savons installer du Linux Red Hat sur des PDA.
Un article paru sur crn.com sous-entend que la pression, à coup de milliards de dollars, des grands acteurs comme IBM ou Compaq pourrait aboutir à une éviction de Linus Torvalds du projet Linux et surtout, à une customisation du Kernel (noyau du programme) selon leur bon vouloir...
Colin Tenwick : Je pense que c’est tout le contraire qui se passe. Il y a une structure en pyramide. Linus Torwalds est en haut. Il est responsable de la mise à disposition des nouvelles versions. En dessous, il y a une dizaine d’ingénieurs qui ont la responsabilité de parties majeures du kernel. Et en dessous d’eux, d’autres développeurs. Parmi cette dizaine d’ingénieurs, il y a bien trois ou quatre personnes dont le poids augmente. Mais pas au point d’évincer Linus... Par ailleurs, des gens comme IBM ont bien compris que leur précédent schéma était voué à l’échec. On ne contrôle pas un marché avec une solution propriétaire, lourde à entretenir. Au contraire, ils apportent désormais énormément au monde des logiciels libres en affectant d’énormes ressources. Ils en retirent toute l’innovation qui est liée à ce monde-là. Pour nous, c’est une très bonne nouvelle qu’ils investissent dans ce domaine. Aujourd’hui, les contributions majeures viennent de boîtes comme IBM, pas de hackers au fond d’un garage.