Le romancier américain s’inquiète : le deuxième chapitre de sa nouvelle téléchargeable n’a pas connu le même succès que le premier. Pire, des lecteurs n’ont pas payé.
Stephen King, maître de l’épouvante et expert en marketing, se serait-il trompé de business plan ? Le romancier américain vient de mettre en ligne le lien permettant de télécharger le troisième chapitre de The Plant, sa nouvelle destinée aux internautes (pour 1 dollar par livraison). Mais déjà, il annonce ses réticences quant à la suite à donner à l’opération, les internautes n’ayant pas, selon lui, rempli le contrat. Celui-ci représente un pari sur l’honnêteté des lecteurs : l’écrivain propose sa prose pour 1 dollar sans qu’aucun système n’oblige pour autant à payer pour télécharger. Seule limite édictée par King : "Si moins de 75 % des gens paient leur téléchargement, j’arrête."
68 % d’acheteurs
Après un départ en fanfare (lire La Plante de Stephen King continue à grimper), le romancier a commencé à déchanter. Le 25 août dernier, il publiait sur son site un long texte dans lequel il pressentait un succès moins important pour son deuxième chapitre. "Peut-être le texte n’est-il pas bon ?", s’interrogeait l’habitué des best-sellers, avant d’évoquer l’absence de publicité et le fléchissement de la couverture média (autrement dit... les aléas de la vente directe !). Mais ce qui irrite le plus Stephen King, c’est le manque de fair play de ses lecteurs, moins nombreux à payer. Chez Philtrum, la maison d’édition du maître, son assistante assure ne pas disposer du nombre total de téléchargements pour le chapitre 2. Mais une chose est sûre : 68 % seulement des téléchargements ont été réglés, au lieu des 75 % exigés. Entre les deux, ça ne fait jamais que 7 %, mais aux yeux de la star littéraire la règle du jeu est transgressée.
On ne mange pas gratis
King, pourtant, n’avait pas manqué de faire comprendre à son lecteur quel avantage il pourrait tirer de l’achat en ligne. "À 1 dollar les trois premiers chapitres, puis 2 dollars pour les suivants, vous obtenez un roman pour environ 13 dollars, soit le prix d’un livre de poche ou d’un premier tirage avec 40 % de réduction", écrit Stephen King l’apothicaire. "Laissez-moi citer le titre du livre de l’auteur de science-fiction Robert Heinlein", plaide-t-il encore sur son site : "There is no free lunch." En français : "On ne mange pas gratis." Mais l’auteur de Shining semble avoir trouvé les responsables de la baisse du chiffre d’affaires de The Plant : ce sont ceux qui téléchargent les chapitres dans plusieurs formats différents, par exemple pour PC et pour Palm, et qui ne paient qu’une fois. "C’est comme si vous alliez dans une librairie et que vous exigiez un livre de poche sous prétexte que vous avez déjà acheté l’édition normale", sermonne-t-il. Stephen King a-t-il vraiment compris la nouvelle économie ?