Surprise : AOL, Amazon ou Yahoo !, entre autres, ont pris fait et cause en faveur de Napster dans le procès qui l’oppose aux majors de l’industrie du disque.
PP/Transfert |
Le procès Napster connaît un rebondissement surprenant. Des huiles de l’industrie américaine du Web ont adressé à la cour d’appel chargée du dossier, un document plaidant la cause du logiciel d’échange de fichiers MP3, traîné devant les tribunaux par les géants de l’industrie du disque. Aux côtés de Napster se sont donc rangées la Digital Media Association (Dima) (réunissant une soixantaine d’entreprises comme America Online, Amazon ou Yahoo), ou encore la Consumer Electronic Association (CEA) qui compte dans ses rangs 600 entreprises, dont Apple, Cisco Systems et Sony Electronics. Leur argument ? Marylin Patel la juge en charge l’affaire Naspter, s’est trompé en ordonnant la suspension provisoire du site le 26 juillet. Ou plutôt, elle a mal interprété une décision de la Cour suprême datant de 1984, censée faire jurisprudence contre le logiciel. Cette décision mettait en évidence le caractère d’"utilisation massivement non-illégale " d’un procédé : si l’utilisation d’une invention dans un cadre légal l’emporte sur une utilisation illégale, il lui est permis de subsister.
Des frictions entre alliés
Or, la juge Patel a estimé que Napster ne correspondait pas à cette nature, ce qui fait hurler la Dima et les autres. Pour eux, le fait que Napster permette à certains internautes de pirater des disques est moins important que l’utilisation légale du logiciel, la plus courante, qui consiste à écouter les MP3 chez soi, sans essayer de s’enrichir par ce biais. Si vous interdisez Napster, disent-ils, vous condamnez tout l’Internet, qui peut-être source de copie illégale. " Il y a une manière de condamner des techniques violant la loi, qui ne se résume pas à condamner la technologie ", assène Jon Potter, responsable de la Dima. On a bien compris que c’est plus sa propre cause que celle de Napster qui préoccupe l’industrie. Mais c’est un allié de poids qui vient de se mettre dans la balance pour la firme de San Mateo. Quitte à créer des frictions entre membres du même groupe : on imagine en effet la réaction de Time Warner face à la prise de position de son allié AOL, ou celle de Sony Music face à celle de Sony Electronics.
Des nouveaux défenseurs
Cette prise de position inattendue intervient peu de temps après la réunion de 18 entreprises (dont Intel, IBM et Hewlett-Packard) au sein d’un groupe de recherche autour du peer-to-peer (le système d’échange de fichier de type Napster), destiné à trouver des applications commerciales du logiciel (lire l’article de Transfert). Autant dire que les défenseurs de Napster ont quelque peu changé d’allure : ils étaient des jeunes à cheveux longs dans les campus américains. Ils sont aujourd’hui des dotcomers à cravates dans les buildings en verre...