Des chercheurs belges ont démontré que, dans la plupart des cas, la méthode employée par les fourmis pour optimiser leurs déplacements serait plus efficace que celle des humains pour gérer les flux de données des réseaux de télécommunication.
"J’ai débuté ce projet en 1989, le premier rapport a été rédigé en 1991, et on peut dire que la majorité des idées se trouvent dans la thèse que j’ai écrit en 1992." Pour optimiser la circulation des données dans les réseaux, Marco Dorigo et son équipe de chercheurs de l’université libre de Bruxelles ont longuement observé les fourmis et leur mode d’organisation. Ainsi, lorsqu’elles se lancent à la recherche de nourriture, les fourmis emploient toujours la même méthode : elles s’aventurent autour de la fourmilière de manière totalement aléatoire, jusqu’à trouver une source de nourriture. La plupart du temps, plusieurs individus tombent sur la même source. Cependant, même lorsqu’elles empruntent des chemins différents, c’est systématiquement le plus court et le plus pratique qui est ensuite utilisé par tous les membres de la fourmilière. Car c’est celui qui a la plus forte concentration en phéromone, une substance sécrétée par l’organisme, qui stimule les membres d’une même espèce.
Les fourmis meilleures que les hommes ?
En partant de cette observation, Marco Dorigo, avec l’aide de son équipe, a conçu un algorithme (AntNet), puis un programme qui simule des fourmis artificielles pouvant répandre, mais aussi sentir, des phéromones tout aussi virtuelles. Déjà testé sur le réseau de la Fondation Nationale Américaine des Sciences, ainsi que sur celui de l’opérateur téléphonique japonais NTT, il a produit des résultats plus que satisfaisant selon les scientifiques. Les tests consistent à lâcher périodiquement des fourmis virtuelles dans les nœuds du réseau, sans qu’elles connaissent leur position. Les chercheurs leur demandent ensuite de se rendre à un point précis. La répartition des phéromones virtuelles permet ensuite de dresser une carte grâce à laquelle il devient aisé de définir la route la plus rapide d’un point à un autre. La cartographie s’avère très précieuse pour optimiser et rationaliser la gestion des flux de données dans un réseau. "Cette méthode aboutit à une utilisation plus efficace des ressources d’Internet. Mais les fourmis virtuelles peuvent également permettre aux gens de trouver plus facilement leur chemin dans la masse d’informations et de données que représente Internet", explique Marco Dorigo.
Pour les réseaux et pour les autres
Des tests opposant la méthode de Marco Dorigo à d’autres méthodes de gestion ont démontré que, sur vingt-trois problèmes, les fourmis virtuelles donnent des résultats quatorze fois plus pertinents qu’ils sont aussi bons dans six autres cas. Pour les trois derniers problèmes, les fourmis virtuelles sont un cran en dessous, mais dans "des limites très raisonnables", assure le chercheur. "Les gros opérateurs téléphoniques et tous les acteurs de la circulation de données sur le Net peuvent être intéressés. Mais plus largement, toute société ayant des problèmes de logistique est concernée", ajoute Marco Dorigo. Une société de transport d’essence italo-suisse utiliserait d’ailleurs ce genre d’algorithme pour optimiser les parcours de ses camions de livraison.
L’article de la BBC News:
http://news.bbc.co.uk/hi/english/sc...
L’université libre de Bruxelles:
http://www.ulb.ac.be/