L’Icann, qui supervise les noms de domaine, projette d’éclater la gestion des trois suffixes généraux. Principale intéressée : la puissante société Verisign qui ne perdra pas au change.
La principale base de données de noms de domaines devrait être éclatée d’ici un an. Le registre des sites en .com, .org et .net ne sera plus confiée, alors, à la même entreprise. Révélée jeudi 1er mars par le Wall Street Journal, l’information a été confirmée dans la journée par l’Internet corporation for assigned names and numbers (Icann), qui chapeaute les noms de domaine. L’organisme -une fois n’est pas coutume- s’est même payé le luxe d’expliquer en détail les négociations. Elles concernent l’accord qui lie l’Icann à la société Verisign, via sa filiale Network Solutions Incorporation (NSI). Acquise récemment, NSI gérait jusqu’à présent en solo la base de données centrale répertoriant tous les sites en .com, .net et .org. Elle jouait le rôle de registry (gardien du registre) et touchait des pourcentages sur la création de noms de domaines. Par ailleurs, NSI avait également, il y a encore deux ans, le monopole de l’activité de registrar, soit l’enregistrement des noms de domaine pour les entreprises et les particuliers. Contrainte de renoncer à contrôler seule le marché, NSI s’était engagée à abandonner progressivement son rôle de registrar, pour éviter de jouer sur les deux tableaux. Mais, indique l’Icann, "aujourd’hui les choses ont changé". Pour l’organisme, l’ouverture du marché des noms de domaines est un succès et Verisign/NSI "n’a pas profité de son rôle pour faire de la discrimination à l’égard des concurrents".
Le .com reste le plus rentable
Le projet d’accord est donc le suivant : Verisign cesserait d’être gardien du registre pour le .net en 2006. Elle abandonnerait le .org un peu plus tôt, fin 2002 et donnerait même 5 millions de dollars au futur organisme chargé de gérer les noms des organisations à but non-lucratif. Un cadeau loin d’être désintéressé puisqu’en contrepartie, elle garderait le droit d’exploiter le .com, jusqu’en 2007, et bénéficierait pour la suite d’une "présomption" de renouvellement. En échange, Verisign s’engage également à verser 200 millions de dollars à l’Icann en recherche et développement "dans le but d’améliorer la stabilité du registre", précise le communiqué de l’organisation. L’entreprise américaine ne perdra vraisemblablement pas au change. On peut même dire qu’elle abandonne les activités moins rentables. Pour se concentrer sur le .com "qui regroupe 80% des adresses internet dans le monde", avance le Wall Street Journal.
Forums à gogo
Habituellement plutôt opaque, l’Icann, cherche désormais une légitimité auprès des internautes. L’organisme a mis en ligne le projet d’accord avec Verisign et attend les commentaires. Jusqu’au 1er avril, date à laquelle doit être conclu le marché. Reste à savoir quelles garanties offrira le deal aux clients, notamment en matière de confidentialité des données. L’Icann précise dans son communiqué que l’accord avec Verisign devrait s’aligner sur les futures conventions qui régiront les nouveaux noms de domaines (.biz, .aero, .museum...) "mais pas sur tous les points". Par ailleurs, l’organisme qui a engagé le diplomate onusien Carl Bildt pour rendre son fonctionnement plus démocratique, propose aux internautes de s’exprimer sur un autre sujet : le processus At Large membership. C’est à dire l’élection en ligne des directeurs de son conseil d’administration, qui a suscité de vives critiques fin 2000. Les forums risquent d’être surchargés...