Notre journaliste, cobaye de l’élection en ligne du Conseil supérieur des Français de l’étranger
Depuis lundi 19 mai à midi, et jusqu’au 31 mai, les Français expatriés aux Etats-Unis peuvent voter en ligne pour élire leurs représentants au Conseil supérieur des Français de l’étranger. Pensée comme un remède à l’abstention, cette inititative est surtout un complément au vote par correspondance.
Le code secret est arrivé par la poste la semaine dernière. Sous une pastille gris métallique, à gratter avec une pièce de monnaie, apparaissent un identifiant et un mot de passe, "à ne divulguer à personne".
Comme aux 50 000 autres Français vivant aux Etats-Unis, ce sésame me donne le droit de participer au premier scrutin en ligne de la République : les élections du Conseil supérieur des Français de l’étranger (CSFE).
Le CSFE est composé, à l’échelle mondiale, de 150 délégués qui défendent les intérêts de leurs compatriotes établis hors de France et élisent 12 sénateurs les représentant.
A voté !
Lundi 19 mai, 12h30, avant la pause déjeuner, je tape l’adresse du site web sécurisé mis en place par l’administration. Sur mon ordinateur personnel, puisque je travaille chez moi. Le bureau de vote en ligne est ouvert depuis une demi-heure et le restera 24 heures sur 24, jusqu’au 31 mai.
Après avoir saisi identifiant et mot de passe, j’ai le choix entre cinq possibilités : quatre listes de délégués et un vote blanc. Je coche la case de mon choix et valide. Une demande de confirmation apparaît. Le site rappelle que le vote en ligne est "irréversible". Je clique sur la case "Voter". C’est terminé : le message "A voté !" s’affiche.
Tout cela a pris à peine deux minutes. Donner sa voix par voie électronique est plus simple que voter par correspondance, avec enveloppes, signature et affranchissement. C’est aussi beaucoup plus rapide que de faire une heure de trajet aller-retour pour me rendre au consulat de Washington le 1er juin. Mais, comme par le passé, ces deux possibilités continuent d’être proposées aux électeurs.
80 % d’abstention
Ce vote électronique, autorisée par la loi N°2003-277 du 28 mars 2003, se veut plus un complément qu’un remplacement des procédures de vote habituelles. "Il s’agit avant tout d’essayer de remédier au taux d’abstention très élevé des élections du Conseil supérieur des Français de l’étranger, en facilitant les modalités de participation", explique Dominique Martial, vice-consul et chef de chancellerie à New York.
Aux Etats-Unis, lors du dernier scrutin tenu en 1997, le taux d’abstention dépassait les 80 %.
Concernant les 2 millions d’expatriés français, les élections du CSFE ont lieu le 1er juin dans les pays d’Amérique et d’Afrique. Elles se tiendront en 2006 dans les régions Europe, Asie et Levant, les délégués du Conseil étant élus par moitié tous les trois ans.
Mais l’expérience du vote électronique n’est menée cette année qu’aux Etats-Unis. Ce pays a été choisi en raison de son taux élevé de connexions à Internet et de la distance relativement importante qui sépare souvent les résidents des consulats.
Petit vote entre amis
L’organisation technique du scrutin a été confiée à Election.com, une entreprise privée internationale créée en février 1999 par la fusion de 10 sociétés électorales issues de quatre continents. Celle-ci a déjà organisé des consultations en ligne pour le compte de l’ICANN (l’organisme de gestion et d’attribution des noms de domaines), du Conseil de l’Europe et du Parti démocrate américain. Un service de support technique téléphonique est proposé aux électeurs en difficulté : en composant le numéro gratuit, on est accueilli par une voix à l’accent québécois avant d’être réorienté vers un opérateur francophone basé dans l’Ontario.
Critiques, certains consulats se seraient inquiétés du fait que les identifiant et mot de passe sont envoyés par simple courrier. D’autres observateurs redoutent le piratage ou craignent que la méthode ne nuise au secret du scrutin. Comme il n’y a plus d’isoloir, on peut effectivement voter en famille, entre amis, au bureau...
"Mais le problème n’est pas nouveau, fait remarquer Dominique Martial. Il se pose déjà pour le vote par correspondance sous pli fermé, autorisé depuis longtemps pour ces élections."
Si le vote électronique s’avère concluant, la méthode pourrait être appliquée à l’avenir à d’autres circonscriptions lors des mêmes élections. Quant aux autres scrutins auxquels participent les Français de l’étranger (présidentielles, européennes et référendums), ils sont strictement conformes au code électoral français, qui, comme le rappelle Dominique Martial, "n’autorise pour l’instant aucun vote par correspondance, que ce soit par voie postale ou électronique".
Le site des élections en ligne du CSFE:
https://vote.election.com/CSFE2003/
Le site du Conseil supérieur des Français de l’étranger:
http://www.csfe.org/
La loi du 28 mars 2003 autorisant le vote électronique:
http://www.assemblee-nat.fr/12/ta/t...
Le site du prestataire privé Election.com:
http://www.election.com
Le rapport du député Jérôme Bignon sur le vote électronique:
http://www.assemblee-nationale.fr/1...