La Cnil a demandé à un hébergeur français de ne plus diffuser un site divulguant des informations personnelles sur des francs-maçons. Il réapparaît en Belgique.
Internet a horreur du vide. Chassez un site de son nid douillet et hop ! il réapparaît ailleurs. C’est ce qui vient de se passer avec celui que la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) a fait fermer à la demande d’une obédience maçonnique, la Grande loge de France. Le site, hébergé par chez.com, reproduisait des annuaires de plusieurs associations maçonniques. L’affaire est pourtant loin d’être réglée. Car un site belge diffuse toujours les mêmes informations, à peu de choses près. Il y manque seulement la base de données permettant de vérifier qui serait franc-maçon dans son entourage proche ou lointain, ou qui se trouve au centre d’affaires médiatisées.
Les informations communes aux deux sites, l’ancien et l’actuel, sont de deux ordres. Il s’agit, explique un membre du Grand orient de France, de ce qu’on appelle, dans cette obédience, le "petit livre bleu". C’est la couleur de sa jaquette, et il répertorie, chaque année dans une nouvelle édition, la liste et les coordonnées des "vénérables", ces animateurs d’ateliers maçonniques élus pour un an, qui sont les seuls à en être destinataires. En théorie, ils doivent d’ailleurs rendre l’ouvrage quand cessent leurs fonctions.
Contre l’outing forcé
Alain Bauer, grand maître du Grand orient, qui s’est associé à la procédure de la Grande loge de France devant la Cnil n’exclut pas, pour sa part, d’engager des poursuites contre l’auteur du site, au nom de son organisation. "Qu’on diffuse les noms de frères exclus pour des raisons graves, qu’on mène ce genre d’entreprise au nom d’un combat contre le pourrissement de la maçonnerie ne m’aurait pas choqué", assure-t-il. Mais la démarche dénoncée à la Cnil est pour lui d’une autre nature : "Ce site, c’est "je suis partout.com" : il diffuse une liste de gens dont le seul défaut est d’avoir été élus présidents de leur association locale. Je suis contre l’outing forcé !" Et de préciser : "Pour les dirigeants, c’est une autre chose. J’envoie leur liste complète à la préfecture de police de Paris. Elle est à la dispose de quiconque la veut."