À cours de fonds, le pionnier new-yorkais de la télé sur le web n’a pu trouver de repreneur. Il a annoncé la fin de ses émissions.
"Merci à tous les spectateurs et au talent qui rendaient Pseudo si special." La phrase, laconique, barre la droite de l’écran de pseudo.com, désormais figé. David Bohrman, le PDG du pionnier de la "webTV" a dû l’annoncer le 18 septembre à ses 175 employés : la recherche de nouveaux investisseurs, voire d’un acheteur de dernière minute, a échoué, l’entreprise doit fermer ses portes.
Victime de la technologie ?
David Bohrman, ex-président de CNNfn nommé à la tête de Pseudo en janvier dernier, s’était pourtant battu ces derniers mois. En mai, la société avait ainsi réussi à lever 14 millions de dollars. Un mois plus tard, Pseudo avait licencié 16 % de ses effectifs (58 personnes) et redéployé 30 postes de travail. En fait, de l’avis des analystes comme de son PDG, le site new-yorkais, qui comptait Intel Capital, Tribune Ventures, Sycamore Ventures, Big Wave Ventures, Desfosses International et FD5 (actionnaire de Transfert) parmi ses actionnaires, meurt d’avoir voulu anticiper sur le développement des réseaux à haut débit, bien trop embryonnaires. En six ans d’existence, la société, dont les coûts atteignaient 2 millions de dollars par mois, n’avait jamais engrangé de bénéfices. Créé en 1994 par Josh Harris, ancien cyber-artiste et cofondateur de l’institut d’études Jupiter Communications, Pseudo.com a démarré comme un site de "chat", avant de diffuser du son, puis de la vidéo à partir de 1997. D’abord ciblé sur les hommes de 17 à 34 ans, diffusant dix heures par jour, le site n’est jamais parvenu à percer en termes d’audience. Et ce malgré quelques beaux coups, comme la couverture de la dernière convention républicaine, à Philadelphie, avec des prises de vues à 360°. Mais, là encore, les dépenses engagées n’ont pas généré les recettes publicitaires escomptées.
Des webTV en péril
Après la fermeture, en mai dernier, de Digital Entertainment Network, basée à Los Angeles, puis le lancement avorté, le mois dernier, de Pop.com, le site soutenu par Steven Spielberg, Ron Howard et Paul Allen, le business-model des "webTV" semble suspendu à la banalisation de l’Internet à haut débit. Début septembre, Shockwave.com, installée à Los Angeles, a ainsi réduit la voilure en annonçant, une suppression de 20 emplois sur 170. Un mouvement suivi le 19 septembre par iCast, filiale de CMGI (holding propriétaire d’Altavista) qui diffuse également de petits films et des clips video : le site a annoncé la suppression de 30 emplois sur 220. Cette mauvaise série doit causer quelques soucis à Jacques Rosselin (lire interview). Le fondateur de Canalweb a souvent répété qu’il entendait créer l’équivalent français de pseudo.com. Il lui faut maintenant survivre à son modèle.