La récente publication d’une étude qui constate l’avance de la stratégie Web du parti conservateur anglais provoque de vifs débats sur la question de la popularité politique en ligne.
Le parti conservateur anglais utilise bien mieux les ressources de l’Internet que son rival politique, le parti Travailliste. C’est le constat de l’étude publiée le 30 avril 2001 par le site Voxpolitics.com. Spécialisé dans l’étude de la politique en ligne, ce site bénéficie du soutien de The Stationnery Office, une firme spécialisée dans la communication institutionnelle et gouvernementale et d’un institut indépendant de recherche en politiques publiques. La réputation de sérieux du site ne l’empêche pourtant pas de se faire chahuter, par les politiques et les internautes. Objet : la pertinence de son étude.
Une étude en nombre de liens
L’intention de Voxpolitics.com était bonne : mesurer la popularité des sites des principaux partis politiques en recherchant sur le web le nombre de liens qui renvoyaient justement vers ces sites. Après une recherche sur le moteur Google, il apparaît que 1 515 liens renvoient sur la vitrine Web du parti conservateur alors que le parti travailliste en compte 1 250 et les libéraux démocrates seulement 977. Pour Tom Steinberg, chercheur à l’institut des affaires économiques qui est aussi l’un des fondateurs de Voxpolitics.com, le nombre de liens qu’obtient un site web est vital car il permet de développer son trafic sur le réseau et donc sa popularité auprès des internautes. L’étude poursuit en montrant que nombre de liens renvoyant au parti conservateur émanent de sites liés aux conservateurs. Ce qui signifie peut-être, toujours selon l’étude, que le parti passe plus de temps à répandre ses idées qu’à tenter d’attirer de nouveaux membres. Enfin pour Voxpolitics.com, le parti conservateur semble mieux informé sur la logique de fonctionnement du Web puisqu’il dispose de trois noms de domaines différents renvoyant sur son site (conservatives.org.uk, conservatives-party.org.uk et conservatives.com).
À peine publiée, l’étude est donc déjà contestée. La méthode employée et les conclusions qui en découlent soulèvent aujourd’hui des objections…Plutôt pertinentes. Comme celles du porte-parole du parti travailliste qui clame que de nombreux liens renvoyant au site du parti travailliste sont injustement exclus du compte parce qu’ils renvoient à des sites ministériels. Un argument qui se discute puisque l’étude portait essentiellement sur les liens renvoyant au site du parti. Par contre, du côté du forum de Voxpolitics.com, le raisonnement s’améliore. Et les conclusions de l’étude sont mises à mal. Un internaute remarque par exemple fort justement, que le nombre de liens ne mesure pas de façon acceptable la popularité et la qualité d’un site. Un argument auquel Tom Steinberg s’oppose sur le forum. "Qu’est ce qu’un site web populaire à succès sinon un site qui est largement visité et promu par d’autres sites ?"
Une méthode de recherche contestable ?
Cette conclusion trouve ses limites dans la méthode de recherche employée par Voxpolitics.com. En effet, parmi les liens renvoyant sur la vitrine web du Parti conservateur, beaucoup proviennent de sites dont le nom de domaine appartient… au parti conservateur lui-même. L’étude s’en trouve donc faussée. L’un des participants au forum fait état d’une recherche effectuée au moyen du moteur Altavista. Résultat : 13 000 liens renvoient au parti travailliste et seulement 100 au parti conservateur. D’où une sévère remise en cause de la pertinence de la chasse aux liens à partir des moteurs de recherche ! Le fond du problème ne serait-il pas plutôt l’incapacité des sites à se faire référencer par les moteurs de recherche ? Sur ce point, les promoteurs de l’étude reconnaissent avec une franchise désarmante la fragilité de leur constat. Mais ils se félicitent d’avoir lancé un débat plutôt intéressant. Si c’est eux qui le disent…