Le ministre américain de la Justice veut faire passer, le plus rapidement possible, un projet de loi anti-terroriste qui vise à un contrôle beaucoup plus serré des citoyens.
Les associations de protection des libertés civiles le surnomment MATA ("Mobilization Against Terrorism Act"), ce qui signifie "tue !" en espagnol. Difficile de dire si l’acronyme a été choisi pour cela. Quoi qu’il en soit, le pré-projet de loi destiné à renforcer la lutte anti-terroriste et proposé en urgence par John Ashcroft, le très à droite ministre de la justice des Etats-Unis, leur fait froid dans le dos. D’après le brouillon que s’est procuré le journaliste de Wired Declan Mc Cullagh, il vise à augmenter le contrôle policier sur les citoyens. Tout d’abord, en rendant plus souples les règles d’encadrement des écoutes téléphoniques et électroniques. Le système DCS1000 (ex-Carnivore), sorte de boîte noire chez les fournisseurs d’accès, pourrait être installé par la police sans le mandat d’un juge. D’après Wired, Echelon serait utilisé pour espionner des Américains, et les étrangers suspectés de terrorisme pourraient faire l’objet d’arrestations sans l’intervention du juge. Les prélèvements ADN seraient généralisés à toutes les personnes condamnées pour crime. Par ailleurs, les personnes complices d’actes de terrorisme se verraient infliger la même peine que ceux qui les ont commis.
Trop pressé
John Ashcroft espérait pouvoir faire passer le texte à la fin de cette semaine, soit moins de quinze jours après la tragédie qui a marqué Manhattan et Washington. Finalement, le ministre ne sera pas auditionné avant lundi par la commission juridique de la Chambre des représentants, et le lendemain par celle du Sénat. D’après un porte-parole de la Chambre des représentants, les parlementaires pourraient être en mesure d’examiner le texte début octobre. Après avoir recueilli l’avis de certains d’entre eux, un journaliste d’Associated Press affirme, au contraire, que les modifications législatives pourraient prendre beaucoup plus de temps. En attendant, John Ashcroft annonçait, vendredi 21 septembre, que la ville de Boston "pourrait être menacée par de nouvelles attaques terroristes". Tout en précisant, rapporte l’agence AP, "qu’aucune menace spécifique n’avait été formulée". Cette crainte aurait été relayée par le FBI, mais sans aucune preuve... Doit-on en déduire, dès lors, que le ministre de la justice cherche à attiser le sentiment d’urgence pour mieux faire passer sa réforme ?