Le salon mondial de l’Internet a lieu, comme tous les ans, à New York. Cette année, l’ambiance est plutôt à la fin de l’euphorie et au retour à la réalité. Toujours autant de monde, en revanche...De notre envoyé spécial.
Christophe Agnus |
Pour les travailleurs de l’Internet, le Javits Center de New York est l’un des lieux saints. Là où, tous les ans, ils vont en pèlerinage pour voir comment se porte la foi. En 1999, l’explosion était visible à l’œil nu : des armées de croyants propageaient la bonne parole de l’Internet de stand en stand, le cerveau habité par des images pieuses en forme de dollars. Cette année, la foi est toujours là, avec une nouvelle icône, le sans fil ; et un mécréant, le Nasdaq...
Mais pour une industrie qui, à en croire la presse française, est à l’agonie, il y a du monde à Internet World. Les gros acteurs sont toujours là, et même de plus en plus : Microsoft, Adobe, Oracle, Cisco... Quelques jeunes ont l’air d’avoir la forme : Webtrends, Webex, Beenz... On cherche un peu ceux qui nous ont étonné l’an dernier (où est passé RocketTalk, par exemple ?), mais pas le temps de s’attarder : c’est si grand. Quatre halls d’exposition, des conférences en série, des "keynotes" (discours) de grands de l’industrie comme Larry Ellison, le boss d’Oracle, ou Bill Gross, créateur d’IdeaLab, le pionnier des incubateurs.
Un discours sage
Christophe Agnus |
Pourtant, un sentiment de déjà vu se dégage de presque tous les stands : peu d’innovation. Beaucoup de solutions d’e-commerce, de technologie permettant d’optimiser les sites internet ou d’augmenter le trafic, de solutions de gestion de contenu. Du sérieux. Du professionnel. Du service et du produit que l’on paie cash à la commande. La folie est ailleurs : un an en arrière. Le retour à la réalité est brutal et se voit dans le cimetière virtuel qui enterre les start-ups mortes trop jeunes, mais aussi dans les produits et services proposés : désormais, on parle business, on parle dollars, et pas pour dans trois ans, mais aujourd’hui. Et on vise principalement les bons vieux "brick and mortars" qui veulent passer à Internet. Voilà des gens qui savent payer et ne vont pas déposer le bilan dans les six mois.
Même quand un produit est plus innovant que la moyenne, le discours est sage. Prenez Ivan, un petit bonhomme en forme de planète, qui se plante au-dessus du navigateur internet et répond à la voix. Vous lui ordonnez, il cherche et répond... Il décrit le site et va chercher directement l’information dont vous avez besoin en vous évitant de longues périodes souris à la main. Malin. Et basé sur une double technologie de reconnaissance vocale et d’intelligence artificielle. Sur le marché depuis une semaine, Ivan a eu des premiers contrats avec AutoByTel, Monster et Britannica. Mais Mark Strumwasser, vice-président de One Voice Technologies, la société de San Diego qui a réalisé Ivan, vise surtout les sociétés "click and mortar" : le clic pour utiliser Ivan (pour mieux vendre sans perdre de temps dans la recherche), le mortar pour être capable de le payer...
Les Américains en retard ?
Les yeux sur les cours du Nasdaq, les professionnels arrivent quand même à détourner le regard pour admirer le sans fil. Wireless. Le mot incontournable. Sur quelle technologie ? On ne sait pas très bien. Mais le sans fil est à la mode. On le porte en PDA ou en téléphone de poche, et l’on prépare tous les accessoires pour lui faire la plus belle panoplie. Dans ce domaine, l’Européen a un petit frisson devant cette excitation et ces discours qu’on entend depuis longtemps de notre côté de l’Atlantique, et encore plus au Japon : les Américains ne seraient-ils pas en retard ?