Jacques Kluger n’abandonne pas. Après deux échecs, il continue de croire au business Internet. Au cœur de Beezpeople, sa nouvelle société, le peer-to-peer, popularisé par Napster. Sur les écrans en juin.
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L’homme parle bien. Synthèse, métaphores et phrases choc, tout y passe. Les restes d’une vie antérieure. Quand Jacques Kluger était avocat pénaliste. Avant que le business ne l’entraîne loin des tribunaux. Maintenant, le trentenaire utilise sa verve pour séduire les investisseurs et les convaincre de le suivre dans l’aventure de Beezpeople. Cette nouvelle technologie veut donner au peer-to-peer ses lettres de noblesse. Popularisé par Napster, site d’échange de fichiers musicaux, ce système d’interconnexion des ordinateurs a été complètement revu par six ingénieurs pendant un an. L’idée : solutionner tous les défauts pointés sur Napster. Sécurité, ergonomie, mais surtout respect des droits d’auteur. "BeezPeople propose une nouvelle vision de l’Internet reposant sur un modèle sécurisé de libre circulation des textes, photos, chansons...", déclare Jacques Kluger. Les internautes pourront accéder en streaming à des œuvres musicales, cinématographiques ou photographiques, en échange du paiement d’un abonnement mensuel. Mais pour "posséder" l’œuvre, c’est-à-dire la télécharger sur son disque dur, il faudra payer un droit de téléchargement. Un juke-box virtuel "légal", en résumé. "Une vraie offre d’entertainement", assure Jacques Kluger dans son franglais économique. Les internautes pourront créer des communautés thématiques, des "villages", dans la terminologie Beezpeople. Ceux-ci seront autogérés par les internautes, qui y éliront un chef. Plein de mini-Napster en perspective. "Nous avons voulu sortir du peer-to-peer créé par des informaticiens pour des informaticiens", explique Stéphane Jupin, l’ingénieur en chef.
Des échecs constructifs
Mais attention, ceci n’est que la première partie du projet. Car ce maillage de "peers", c’est aussi une puissance de calcul, une capacité de stockage et une bande passante potentielles très intéressantes : "20 à 30 % seulement des capacités des ordinateurs sont utilisées. Or, les entreprises sont à la recherche de ce genre de capacités pour héberger des fichiers, des animations 3D ou faire du calcul", détaille Jacques Kluger. Les internautes, membres de Beezpeople, choisiront eux-mêmes de mettre leurs ordinateurs à disposition d’une cause (recherche contre le cancer, contre le sida, surveillance des petits hommes verts), ou d’une société. Et ils seront rémunérés en fonction des capacités et du temps utilisés. L’informatique distribuée, peu connue encore en France, a déjà suscité un vrai engouement dans la Silicon Valley. Les concepteurs de Beezpeople sont confiants dans leur "innovation technologique". À Jacques Kluger d’ajouter la touche business. Initiateur du téléachat en Belgique et en France avec Pierre Bellemare, il surfe sur la vague Internet depuis 1999. En décembre 1999, il lançait Koobuycity, un site d’achats groupés, concept dont on attendait monts et merveilles. Puis, quelques mois après, il renommait sa société Koobuycity pour faire de la livraison express en une heure sur Paris. Mais en décembre 2000, il est contraint de déposer le bilan. Alors, la tournée des capitaux-risqueurs, il connaît. Son passé de "start-upeur", il ne le vit pas comme un handicap. "Les conditions du marché ont bien changé. En décembre 1999, on était dans l’irrationnel. Aujourd’hui, c’est extrêmement plus difficile. Mais les investisseurs apprécient d’avoir devant eux quelqu’un qui a de l’expérience, qui a appris de ses échecs", constate le jeune PDG qui recherche environ deux millions d’euros (un peu plus de 13 millions de francs). Si tout va bien, le player Beezpeople devrait être téléchargeable début juin.