TRANSFERT S'ARRETE
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La police japonaise développe son propre outil d’interception électronique. Mais, à la différence des ...tats-Unis, le parlement nippon souhaite révéler le code-source du programme.
Le FBI avait reconnu que le choix du mot "Carnivore", pour qualifier son outil d’interception des e-mails, n’était probablement pas le mieux approprié pour calmer les angoisses des internautes. La police japonaise a retenu la leçon et préféré la sobriété pour baptiser son propre rejeton "Temporary Mail Box" (la boîte aux lettres temporaire). Il s’agit pourtant bien de la même chose : cet outil serait capable de filtrer tous les e-mails passant par un fournisseur d’accès internet (FAI) et d’intercepter et de dupliquer (une copie pour le destinataire original et une pour la police), tous les messages provenant de, ou allant vers, la boîte aux lettres d’un suspect.
Précédent américain
Selon le site Cryptome, spécialisé dans les informations sensibles, le NPD (National Police Department) japonais a dévoilé son projet pour la première fois le 10 novembre à des parlementaires lors d’une audition destinée à lever des fonds. Si les flics gardent secrets certains détails techniques, on connaît en revanche le budget escompté : 140 millions de yens (9,7 millions de francs) rien que pour l’année fiscale 2001. Chaque Temporary Mail Box revient en effet à 8,75 millions de yens pièce (soit 1,37 million de francs). Ce qui fait cher de la boîte noire ! La police métropolitaine de Tokyo prévoit d’en déployer deux et chacune des 15 polices régionales aura, elle aussi sa propre "boîte aux lettres temporaire".
Visiblement au fait de la polémique existant entre le FBI et les associations américaines de défense de la vie privée et des libertés sur l’Internet (Lire Carnivore est doux comme un agneau), le membre du parti social-démocrate nippon à qui fut présenté la chose a déjà demandé à la police qu’elle révèle le code-source du programme ainsi que les spécifications techniques de l’ensemble de l’appareillage. Sans oublier le budget détaillé de l’opération. Deux associations opposées à la surveillance, qui avaient récemment recueilli 100 000 signatures lors d’une pétition contre le Wiretapping Act, qui rend légale l’interception des e-mails et autres formes de communications électroniques au Japon, se sont quant à elles déjà élevées contre le projet en réclamant un débat parlementaire et démocratique plus ouvert.