Le plus grand salon dédié à l’informatique et aux technologies de l’information ouvre ses portes, mercredi 21 mars, à Hanovre. La tendance : commerce mobile et appareils multifonctions. Malgré un secteur en crise, les industriels du secteur restent optimistes.
Effondrement des valeurs technologiques en Bourse, révisions à la baisse des bénéfices ou licenciements... Malgré la crise qui affecte actuellement les secteurs des télécommunications et de l’Internet, le CEBIT 2001, qui se tient du 22 au 28 mars 2001 à Hanovre, ouvre ses portes en fanfare. 8 015 exposants venus de 60 pays se partagent une surface de 422 000 m2. 750 000 visiteurs sont attendus. L’intérêt des professionnels pour les derniers développements technologiques a rarement été aussi fort.
Secteur morose
Cette démonstration d’optimisme est d’autant plus remarquable qu’à New York ou à Francfort, les indices boursiers des valeurs technologiques n’ont jamais été aussi bas. Cette semaine encore, le Nemax, l’indice du nouveau marché de Francfort, crevait le plancher en s’affichant à 1 600 points contre 9 600 points à la fin mars 2000. Par ailleurs, les entreprises ne cessent de revoir leurs bénéfices à la baisse et se mettent à licencier. Le suédois Ericsson, l’un des premiers constructeurs mondiaux de téléphones portables, a récemment effrayé Wall Street en annonçant des pertes inattendues d’environ 500 millions d’euros (3,2 milliards de francs). L’américain Motorola, de son côté, prévoit le licenciement de 7 000 personnes dans sa division de téléphonie mobile. Enfin, Intel, leader mondial des microprocesseurs, a annoncé une baisse de 25 % de son chiffre d’affaires pour le premier trimestre 2001. Des exemples parmi d’autres. En Europe, la situation n’est pas rose non plus. Analystes bancaires et investisseurs s’interrogent, en effet, sur l’avenir des entreprises de télécommunications qui se sont lourdement endettées pour acquérir des fréquences UMTS destinées au téléphone de troisième génération.
Des raisons d’espérer
Face à ce flot de mauvaises nouvelles, les industriels estiment pourtant avoir quelques raisons d’espérer. Selon le BITKOM, la fédération allemande des télécommunications et des nouveaux médias, la croissance du secteur, essentiellement portée par le développement des logiciels et des applications destinées au "m-commerce" (commerce mobile par téléphone portable), est restée importante en 2000 avec un chiffre de 13 % pour l’Europe de l’Ouest. Par ailleurs, le succès du téléphone portable ne se dément pas. L’année dernière, 145 millions d’appareils ont été vendus en Europe et 412 millions dans le monde entier. En toute logique, le CEBIT 2001 offre donc une place importante à la téléphonie mobile, au m-commerce, mais aussi à l’amélioration des modes et de la rapidité des transmissions (ADSL et Bluetooth) ainsi qu’aux systèmes de sécurisation des connexions internet. Autre tendance marquante : la multiplication des appareils multifonctions, comme le mc3 de Kodak, qui réunit lecteur de fichiers musicaux MP3 et caméra numérique. Ou encore le Communicator 9210 de Nokia, un petit appareil plat de 400 g qui assure les fonctions d’agenda électronique, de téléphone portable, de fax et de navigateur internet.
...videmment, entre le prototype qui amuse ou fait rêver et sa mise en pratique à grande échelle, il y a un pas que peu d’innovations franchissent. Ainsi, le micro-ondes avec connexion internet, présenté au CEBIT 2000, n’a toujours pas envahi nos cuisines. Qu’en sera-t-il alors de la machine à laver programmable par téléphone présentée, cette année, par IBM et Miele ? De même, l’avenir de la technologie Powerline, commercialisée à partir d’avril prochain par RWE, le premier groupe énergétique allemand, est lui aussi incertain. Celle-ci promet de faire passer l’Internet par la prise de courant à des prix défiant toute concurrence. Pourtant, Siemens, premier groupe électrotechnique allemand, vient d’annoncer son retrait de la course. Motif : trop de problèmes techniques restent encore non résolus. Enfin, l’échec du WAP, ce protocole de transmission qui permet d’avoir l’Internet sur son téléphone portable, peut faire douter du succès rapide de l’UMTS. Dans ce cas, ce n’est pas la technologie qui est en cause, mais son utilité. Limité par sa faible puissance, l’étroitesse des services proposés (météo ou infos financières) ou encore une utilisation compliquée, le WAP n’a pas réussi à séduire. Si l’UMTS ne fait pas beaucoup mieux que le WAP, le consommateur risque une nouvelle fois de refroidir l’optimisme à tout crin affiché par les experts et les industriels.