Les ventes de disques ont chuté en 2000, selon la fédération phonographique internationale, qui a tôt fait d’accuser les coupables : les graveurs et Napster. Mais la situation est plus complexe qu’il n’y paraît.
Les ventes mondiales de CD et cassettes ont légèrement décliné au cours de l’année 2000 : elles ont perdu 1,3 % en valeur, atteignant quand même près de 37 milliards de dollars (280 milliards de francs) sur un an. Par ailleurs, les ventes ont subi une érosion de 1,2 % en nombre d’unités. Ce n’est pas énorme, mais c’est une claque pour la fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI), habituée à des ventes de CD en constante augmentation depuis des années.
Dans le détail, deux points intéressants : les ventes d’albums n’ont pas fléchi au contraire de celle des singles (une débine de - 46% !) et seul le marché américain est affecté par ces mauvais résultats. Conclusion, tirée par Jay Berman, président de l’Ifpi dans un communiqué : "Voici les premières preuves de l’impact de la musique gratuite en ligne, ainsi que des dommages causés par la copie de CD illégale."
Explosion du MP3
La publication de ces résultats relance un débat de fond, souvent négligé : Napster et les autres sites de pair-à-pair sont-ils responsables de la chute des ventes de disque comme l’affirme l’IFPI ? Ne créent-ils pas un besoin de consommer en faisant découvrir de nouveaux artistes aux internautes ? Sur ce point, les études d’impact se suivent et se contredisent. S’il est certain que le déclin du CD est imputable à l’explosion du MP3, y compris sur les sites qui rétribuent les droits d’auteur (MP3.com, ou Napster cet été), MP3 ne signifie pas toujours violation de copyright comme l’insinue le président de l’IFPI...
Par ailleurs, il est plutôt difficile, de faire porter à Napster l’entière responsabilité de cette récession, sans désigner l’autre "coupable" : les graveurs de CD. Or, ces derniers sont le plus souvent fabriqués par des géants de la musique comme Sony. L’argent perdu d’un côté est donc regagné de l’autre. À l’avenir, même si l’industrie du disque parvient à faire rentrer Napster dans le rang et à faire fermer les autres sites d’échange gratuits, elle ne pourra jamais empêcher les graveurs de graver. Car aux ...tats-Unis, le droit de graver est protégé par une loi de 1992, l’Audio Home Recording Act. On ne se trompe donc pas beaucoup en affirmant que dans les années à venir, le CD va continuer à revoir ses ambitions à la baisse.