Deux satellites américains se sont écrasés, vendredi 21 septembre. Parmi eux, Orbview 4, un satellite d’imagerie sophistiqué, destiné à localiser les terroristes en Afghanistan et leurs éventuelles armes biologiques...
Quatre-vingt cinq secondes. Les scientifiques américains ont pu croire, pendant ce cours laps de temps, que le lancement de la fusée Taurus serait un succès. Mais, un peu plus d’une minute après le lancement, le deuxième étage de la fusée a pris feu en plein vol. Quelques minutes après, les deux satellites OrbView 4 (appartenant à la société d’imagerie Orbimage) et Quick Toms (propriété de la NASA) sont tombés dans l’Océan Indien. L’échec du lancement de la fusée Taurus rappelle cruellement celui de Pegasus, en juin dernier. Même moteur (baptisé Orion 50S), mêmes acrobaties dans le ciel... La NASA a affirmé qu’elle allait mener l’enquête. Mais la prestigieuse agence américaine a d’ores et déjà perdu dans la bataille le satellite Quick Toms, destiné à observer l’évolution du trou de la couche d’ozone (en remplacement de la sonde Toms Earth Probe, qui commence à fatiguer...). Mais la palme du plus cuisant échec revient sans nul doute à Orbimage, une société spécialisée dans l’imagerie satellitaire de haute définition. Son petit protégé, OrbView 4, situé dans l’étage supérieur de la fusée, devait vendre des images haute résolution à des clients civils, gouvernementaux et mêmes militaires. Ces derniers étaient tout particulièrement intéressés par un instrument d’imagerie hyper spectral gentiment baptisé "Warfighter- ", qui aurait notamment servi à localiser les terroristes cachés en Afghanistan.
Armes biologiques, soldats camouflés
Grâce à Warfighter-1, le satellite aurait permis de détecter d’éventuelles armes biologiques ou chimiques, de mesurer l’impact de bombes ou de distinguer des soldats (ou des voitures) camouflés dans les feuillages. OrbView 4 était en effet capable d’offrir des images métriques et hyperspectrales qui permettent de décomposer, avec une grande précision, les terrains observés en objets ou en masses différentes. Cette technologie permet de scruter non seulement ce qui est du domaine du visible, c’est-à-dire les ondes électromagnétiques comprises entre 0,4 microns (qui apparaissent en bleu) et 0,8 microns (en rouge), mais aussi les infra-rouges et, en théorie, l’ultraviolet. Orbview pouvait aussi combiner deux types d’images : des images en noir et blanc de résolution 1 mètre, destinées à cartographier des routes ou à localiser des voitures et d’autres clichés en couleur de résolution 4 mètres, destinées au départ à la télédétection agricole. La chute d’Orbview 4 constitue donc une belle perte pour Orbimage... qui n’a toutefois pas dit son dernier mot. La mise en orbite d’OrbView 3, un satellite qui offre, lui aussi, une résolution d’images multispectrale est prévue pour l’année prochaine. D’ici là, il faudra songer à mettre en œuvre d’autres techniques pour débusquer les terroristes...