Alors que la direction de Radio France a enfin entamé des négociations "confidentielles" sur les droits d’auteurs internet de ses journalistes, les rédacteurs du Parisien mènent une action symbolique d’appel à la négociation.
L’audience qui devait opposer, lundi 26 mars 2001, la direction de Radio France à ses journalistes, dans le cabinet du juge Gomez, vice-président du tribunal de grande instance de Paris, n’aura finalement pas lieu. Dès réception de l’assignation en référé, envoyée par le syndicat Force Ouvrière des rédacteurs de l’entreprise, la direction s’est enfin déclarée prête à négocier un accord sur les droits d’auteurs internet des journalistes. Résultat : le syndicat a décidé d’annuler son recours en justice.
Cela faisait déjà quelques mois que la direction du groupe rechignait à répondre aux demandes répétées du syndicat FO (majoritaire dans l’entreprise) des journalistes. Mais la menace d’une action en justice a eu l’effet escompté. Un accord sur les droits d’auteurs des journalistes, dont les articles et chroniques sont repris quotidiennement sur le site www.radio-france.fr, devraient ainsi voir le jour à la fin de l’année 2001. Jusque-là, le groupe tient au respect de la confidentialité des négociations en cours. Le syndicat s’est donc refusé à tout commentaire sur la question. Mais nul doute que les tractations porteront, entre autres, sur la rémunération des journalistes pour l’exploitation en ligne des articles déjà diffusés sur les ondes. Un enjeu économique d’importance auquel la direction de Radio-France n’est pas la seule à devoir faire face.
Ça peut resservir
La direction du Parisien se frotte elle aussi aux récriminations de ses journalistes. 23 rédacteurs ont entrepris de renvoyer à la direction l’indemnité de 400 francs qu’ils avaient perçu pour la reproduction de leurs articles sur le site www.leparisien.com. "L’initiative a été prise, il y a quinze jours, par des journalistes syndiqués et non syndiqués. Depuis, nous nous y sommes associés", avance Michel Buratto, délégué syndical FO et secrétaire de rédaction au Parisien. La colère des rédacteurs est liée à l’absence de bonne volonté de la direction qui tarde à négocier un véritable accord interne sur les droits d’auteurs internet des journalistes. Pour l’instant seule une partie de l’accord conclu le 8 novembre 1999, par la presse quotidienne régionale et les syndicats CFDT, CGC et CFTC, est respectée par la direction du Parisien (les syndicats SNJ, syndicat national des journalistes, la CGT et FO ne l’ont pas signé). Il s’agit du versement aux journalistes d’une indemnité annuelle de 400 francs. Or cette indemnité devait être complété par une rémunération négociée dans chaque entreprise de presse. C’est là que la situation se complique. "Depuis cet accord, les négociations sont au point mort. En mai 2000, nous avons fait des propositions à la direction : une rémunération de 5 000 francs par an pour les rédacteurs et de 1 700 francs pour les secrétaires de rédaction. Depuis on ne s’est pas revu", explique Michel Buratto. Alors quand, lors des municipales, la direction a décidé de mettre les résultats des élections sur le site avant de les publier le lendemain sur le journal papier, les journalistes ont vu rouge. "Le travail des journalistes est quotidiennement utilisé par E.Paris, la filiale multimédia du groupe Le Parisien, et par la publication papier, il est donc normal que les rédacteurs perçoivent une rémunération supplémentaire", rappelle Michel Buratto. Bien décidé à continuer la lutte, le délégué a envoyé un communiqué par e-mail à tous les journalistes pour qu’ils se joignent à l’action commencée par une vingtaine des leurs.