D’un côté, un projet de loi qui veut étendre la conservation des données de police et la fouille de disques durs, de l’autre, un rapport sur l’état de la surveillance électronique au travail... Rien ne va plus outre-Manche.
Continuant sa croisade pour mettre toute la société britannique sous surveillance, le gouvernement de Tony Blair ne recule devant rien. Le nouveau projet de loi, qui s’intègre dans la lutte contre la criminalité et le maintien du respect de l’ordre public, s’attaque aujourd’hui aux disques durs des délinquants présumés. Dans le même temps, une étude de KPMG fait le point sur la surveillance au travail.
Fouille numérique...
Comme le rapporte Wired, le projet de loi sur l’ordre public est défendu comme un moyen de lutte contre la culture yob. Yob étant le terme anglais qui désigne les punks et les hooligans. Mais il ne se limite pas à cela. Certaines dispositions prévoient par exemple d’étendre la conservation des données ADN à une durée... éternelle. Même les prévenus acquittés resteront fichés à jamais sur les registres de la police. Le pardon n’existe pas. En matière de surveillance électronique, le projet n’est pas en reste. Dans le cadre de recherches légales, la police aura le droit de copier le disque dur de n’importe quel ordinateur de manière à conserver les données prélevées et à s’en servir plus tard. La lutte contre l’importation de marchandises pornographiques peut représenter un "cadre de recherche légale" pertinent. Toute personne entrant sur le territoire peut également se préparer à une inspection en règle de son ordinateur portable. Si cette fouille numérique s’effectue déjà depuis la fin des années 90, les douaniers n’avaient la possibilité d’effectuer qu’un rapide scan (balayage) du contenu de l’ordinateur. Dorénavant, les données du disque dur pourront être entièrement recopiées. Mais toujours dans un cadre de recherche légale. Comment ? La police n’a pas voulu dévoiler le type de logiciel qu’elle utiliserait et affirme qu’il n’existe pas de plan de généralisation pour faire des copies de disques durs. Et si vous résistez par un code qui interdit l’accès à vos données, la loi sur la surveillance des communications électroniques (Regulation of investigatory power act) permet désormais à la police de vous obliger à dévoiler les clés de cryptage ou les mots de passe installés sur votre machine. Le refus d’obtempérer dans ce cas est passible de deux ans d’emprisonnement.
Des classiques so british
Ce projet de loi depuis longtemps dans les cartons, ressort aujourd’hui dans un contexte plus que favorable. Depuis la promulgation de la loi qui encadre la surveillance des moyens de communication au travail, les entreprises peuvent en toute légalité et selon les circonstances, espionner les communications électroniques de leurs salariés sans qu’ils en soient avertis. Sur 2 000 entreprises interrogées par KPMG, 200 ont répondu à cette étude. 50% ont admis exercer une surveillance ponctuelle, 20% contrôlent les communications électroniques et le surf Internet de façon mensuelle. 11% exercent une surveillance continue. Enfin et surtout, 20% des employeurs surveillent leurs employés sans raison valable et sans les en avoir avertis.