On croyait Kleline mort et enterré. Ce système de paiement en ligne, lancé en 1996 au sein de Paribas, a été fermé, en janvier dernier, par le nouvel ensemble BNP-Paribas. Kleline réapparaît sous forme de start-up, avec un nouveau nom : Blue Line.
"Aujourdhui,
je relance Kleline !" Nous sommes le 7 février
et Abdallah Hitti a le sourire du conquérant.
Cela ne fait pas un mois que la BNP-Paribas a décidé
de mettre fin à laventure de Kleline,
premier système de paiement dématérialisé
français. Fin janvier, lex-directeur
général de ce qui était, lan
dernier encore, une filiale de Paribas avait démissionné.
Aujourdhui, ce businessman franco-libano-brésilien
aux traits fins et au regard pétillant de malice
jubile : on va bien samuser, annonce sa mine
réjouie.
Le nouveau système de paiement on line devrait
être opérationnel en juin. Il sappellera
Blue Line International, une marque "déposée
par Abdallah", il y a sept ans. Cette nouvelle
entreprise serait-elle le fruit dune très
longue réflexion ? Abdallah Hitti reconnaît
seulement quil travaille depuis plus dun
an à un "Kleline deuxième génération".
"Jaurais aimé que la BNP vende
Kleline. Cela correspondait à mon attente :
en tant quhomme daffaires, cétait
lopportunité de ma vie, je laurais
rachetée. Mais ils ont préféré
arrêter son développement",
épilogue lentrepreneur. Il a donc dû
refonder une société.
Réseau international et ouverture à
toutes les banques
Lex-salarié de la BNP nest pas
fâché avec la BNP, souligne-t-il. Nempêche,
les pontes de la banque pourraient bien se mordre
les doigts davoir laissé filer le poisson.
Blue Line diffère principalement de Kleline
en deux points : primo, cest un réseau
international, avec une plate-forme de paiement dans
chaque pays. Les banques Bradesco au Brésil,
Netgiro en Suède, Netcom au Liban, et GDS dans
le Golfe ont déjà signé un accord.
Des négociations sont en cours avec trois banques
aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et aux ...tats-Unis.
Secundo, toutes les banques y sont admises. Dans Kleline,
a contrario, la BNP-Paribas demeurait seul maître
à bord.
"Nous sommes dans un pays cartellisé,
se moque Abdallah Hitti. Il faut mettre un peu de
concurrence là-dedans." En fait de
concurrence, Blue Line, entreprise traditionnelle,
vient chatouiller les banques sur un point sensible
: en ne s’imposant pas à temps comme intermédiaires
financiers de choix pour le commerce électronique,
elles ont pris du retard... "Avec Egg en Grande-Bretagne,
Ze Project dArnault, voire même Carrefour
ou Beenz, les banques traditionnelles pourraient bien
être prises de vitesse", affirme Jean-Michel
Billaut responsable de la veille technologique à
lAtelier (BNP-Paribas).
Ni banque, ni société financière
Blue Line na rien dune banque traditionnelle.
Ce nest même pas une "société
financière", au sens où lentend
la loi française. Kleline, qui disposait de
ce statut, avait dû se plier à des obligations
de dépôts de garantie (15 millions de
francs davoirs), et de solvabilité des
actionnaires de référence. La nouvelle
société, 100 % française, naura
pas besoin de prendre ce statut pour opérer
dans dautres pays comme la Suède, où
la réglementation est moins rigide. "Pour
linstant, je préfère ne pas m’imposer
de contraintes", affirme, royal, Abdallah
Hitti.
Ultime pied de nez à son ex-employeur : lentrepreneur
répète à qui veut lentendre
que les portes de Blue Line seront grandes ouvertes
à BNP-Paribas. Si toutefois cette dernière
accepte dentrer en concurrence avec dautres
banques, et de ne plus être aux commandes