Steve Wozniak est le co-fondateur d’Apple, avec Steve Jobs. Il est le bidouilleur derrière l’homme de marketing. Il a quitté Apple depuis longtemps pour enseigner, libéré de tout souci financier. Pour )transfert, il revient sur ce qu’il a créé, et parle de ce qu’il souhaite désormais faire.
) Quel effet cela fait-il dêtre
lhomme qui a lancé une révolution ?
Steve Wozniak : Un ordinateur, prêt à lemploi,
dans une boîte de plastique, cétait vraiment
lidée de Steve Jobs. Ma contribution portait plutôt
sur la conception dun ordinateur très riche en terme
de performances, mais avec très peu de circuits imprimés,
à bas prix et fabriqué simplement. Je pensais quavec
moins de puces électroniques, il serait aussi plus solide.
Jai aussi apporté quelques trucs en plus, comme la
couleur, le graphisme, le son, etc. Sans cela, je ne pense pas que
lApple II aurait été si populaire. De la même
façon, il naurait jamais intéressé le
public si nous navions pas livré au client un ordinateur
opérationnel immédiatement. Au début, il ny
avait quasiment pas de programmes, alors inclure Basic, le système
dexploitation, directement dans la mémoire de lordinateur
était également un plus. En même temps, en tant
que personne, je souhaite parfois quun autre ait inventé
cela. Jai une vie beaucoup, beaucoup trop occupée,
alors que je suis le genre de personne qui aspire à une vie
simple et tranquille.
)
Apple fait un retour en force. Travaillez-vous aujourdhui
avec eux ?
Pas officiellement, et de façon pas très
significative. Le retour dApple est en partie dû aux
fidèles, que lon a réussi à garder, et
à de bons produits. Mais cest surtout dû, à
mon avis, à un fonctionnement efficace, sans excès.
Au fond, nous sommes un monopole, avec 100 % de notre marché,
et le phénomène passe inaperçu car seul Microsoft
attire lattention. Nous fabriquons des ordinateurs et les
vendons avec un profit important, à la différence
des PC à bas prix. Il est ainsi impossible de perdre de largent,
à moins de fabriquer des produits dont personne ne voudrait.
) Vous êtes maintenant très impliqué
dans lenseignement. Etait-ce lun de vos rêves
?
Oui. Je considère
les enseignants comme la force la plus importante pour notre croissance
et pour lamélioration du monde. Jai toujours
attaché une importance particulière aux jeunes. Je
me considérais comme lun de leurs amis. Jai toujours
aimé jouer avec eux, les faire rire, leur raconter des histoires
ou leur apprendre des choses intéressantes. Un jour, je me
suis rendu compte que les deux choses les plus importantes pour
moi étaient les ordinateurs et les enfants. Jai alors
commencé à donner de léquipement aux
écoles. Cela ma conduit à former les enseignants,
puis à enseigner
Ce dont je parlais depuis peut-être
vingt ans était devenu réalité.
) Travaillez-vous toujours sur un projet informatique
?
Non. Je nen ai pas le temps. Il me faut assurer
la maintenance des routeurs, serveurs et ordinateurs de la famille,
moccuper de mon ordinateur, me tenir au courant de ce qui
se fait, être sûr que tout fonctionne là où
je donne des cours, enseigner, aider les enfants dans leur travail
à la maison, les accompagner dans leurs activités,
voir un film de temps en temps, répondre à 200 courriers
électroniques par jour et voyager pour des conférences...
De plus, je ne serais comblé que si je travaillais sur un
projet vraiment innovant. Jai vécu et respiré
pour cela à une époque, mais je nen ai plus
ni le temps, ni lenvie.
) Comment vit-on
dans la Silicon Valley quand on nest pas dans la folie informatique
?
Je prévois de quitter la zone aussi vite que je
le pourrai. Sans doute dès que mon dernier enfant aura terminé
le lycée. Je suis arrivé dans la Silicon Valley en
1958, quand on lappelait encore Santa Clara Valley. Je vivais
à Sunnyvale, pour me déplacer je devais prendre mon
vélo pour traverser les vergers. Le lieu sest rempli
et a commencé à être goudronné quand
jallais à lécole, puis au lycée.
Puis jai
déménagé à Cupertino, qui était
un peu moins développé. Mais, pendant les premières
années dApple, la ville s’est peu à peu modernisée,
donc je suis allé encore plus loin. Ici, la circulation et
les affaires sont terribles, la qualité de lair est
encore pire quà Los Angeles, et le coût de la
vie sapproche de celui de New York. Cela na plus rien
à voir avec le sentiment despace de ma jeunesse, et
jattends avec impatience le moment daller vivre ailleurs.