Cette conseillère d’...tat met sur pied le Forum des droits de l’Internet, une instance de débat sur la régulation du Net.
Un homme - de gauche - propose la création d’un Forum des droits de l’Internet. Une femme, « de centre droit » (dit-elle quand on la pousse un peu), va le mettre en œuvre. Cherchez l’erreur ? Il n’y en a pas, le casting est parfait. Le parcours d’Isabelle Falque-Pierrotin, conseillère d’...tat, la destinait presque immanquablement à ces fonctions. Cheville ouvrière, en 1998, du rapport Internet et les réseaux numériques, commandé par le Premier ministre, elle était incontournable. Programmée. Elle s’en défend : « Je suis bien incapable d’un tel plan de carrière ! »
À 40 ans, et quatre enfants, elle l’a pourtant menée rondement, de HEC à l’Ena (promotion Denis Diderot), en passant par l’Institut multimédia. Et arpenté le grand échiquier. Du Conseil d’...tat à Bull, de Bull au cabinet de Jacques Toubon, ministre (RPR) de la Culture, en passant par un rapport, en 1996, sur - déjà - le sujet de l’Internet. Pour François Fillon, cette fois, ministre (RPR) des Télécommunications.
Nommée au mois de décembre 2000 par Lionel Jospin, pour mettre en œuvre le Forum de l’Internet, prête à présenter son bébé en avril 2001, elle prévient : « On ne va pas réinventer la roue ! » Imaginée par Christian Paul pour servir la réflexion sur la régulation du Net, la chose sera pragmatique. Un ou deux sujets de réflexion à la fois, pas plus. Enjeu : éviter que ça bloque dès le départ, s’acharner à « faire travailler les gens ensemble ». Le Forum réunira donc des groupes de travail composés de représentants des usagers, des entreprises et de personnalités qualifiées. Et pour le grand public, qui ne pourra pas adhérer directement à l’organisme, un site web servira d’interface, à base de questions-réponses et de textes informatifs.
Demandée, organisée, efficace
Sous les toits du Conseil d’...tat, place du Palais Royal, à Paris, la dame n’est pas avare d’explications. Elle sait qu’on la guette au tournant. Que certains, comme l’association Iris (Imaginons ensemble un réseau solidaire), n’ont pas attendu le lancement de l’objet pour canarder sur le thème de « l’intérêt général soumis aux lois du marché ». « Je vais les appeler », énonce-t-elle, comme un gage d’ouverture et de bonne volonté. Elle en a sûrement. En tout cas, elle cultive sa communication, une interview par-ci, un colloque par-là. À Autrans (Isère), au mois de janvier, elle était, à peine nommée, l’héroïne attendue de cette grand-messe de l’Internet organisée par le chapitre français de l’Isoc (Internet Society). Très demandée. Très organisée. Une pile du rapport Internet et les réseaux numériques, prêt à la distribution, trône en bonne place dans ce bureau, occupé à tour de rôle par d’autres conseillers. D’un second paquet jaillit promptement, à son évocation, l’exemplaire du tiré à part d’une conférence donnée en Grande-Bretagne. Prémisses de l’efficacité que la dame, en pashmina lilas et duffel-coat perle, mettra à la tâche.