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12/02/2002 • 16h12

Internet a révélé des archaïsmes politiques

Jean-Claude Guédon est Français, enseignant au Canada, au département de Littérature comparée de l’université de Montréal. Il voit dans le réseau une opportunité pour encourager la citoyenneté active.


Transfert
Quand et comment avez-vous découvert Internet ?

J’ai d’abord utilisé Bitnet vers 1988 et j’ai découvert l’Internet environ un an plus tard.

Pourquoi vous êtes-vous impliqué dans Internet ? Quel a été le déclic ?

En fait, c’est la puissance de la télématique qui m’a attiré vers l’Internet. J’étudiais le Minitel français pour le compte de la compagnie Bell Canada, dans le cadre de sa tentative de monter une imitation du Minitel appelée Alex. D’emblée, j’avais compris que ce qui rendait cet outil extraordinaire, c’était sa capacité de mettre en relation des gens qui autrement n’auraient pu échanger quoi que ce soit entre eux. J’y voyais un démultiplicateur social et culturel puissant, en même temps qu’un facteur efficace de délocalisation virtuelle. L’Internet m’est vite apparu encore plus puissant, d’abord parce que l’on pouvait se transmettre n’importe quel type de fichiers en format binaire et, ensuite, parce que sa portée était d’emblée mondiale plutôt que limitée par les frontières d’une compagnie particulière.

Quand avez-vous compris que cela allait vraiment décoller en France ?

J’ai longtemps désespéré de la France, en particulier quand je rédigeais la première édition de mon petit livre sur Internet, La planète cyber Internet et le cyberespace (une deuxième édition chez Gallimard Découvertes est sortie en 2000 sous le nom de Internet, le monde en réseau). Je n’ai repris confiance que lors du discours d’Hourtin en 1997. L’arrivée inopinée de Lionel Jospin au pouvoir a vraiment débloqué la situation et je crois qu’il faut aussi saluer le travail de Jean-Noël Tronc qui, dans les coulisses, a beaucoup fait pour transformer des mentalités a priori très réticentes. Cela dit, la réaction de nombreux intellectuels en France a été aussi étonnante que stupide : leur anti-américanisme sommaire et leur anti-technologisme rétrograde – on aurait cru entendre certains propos de la droite de l’Entre-deux guerres, ou encore certains propos dans l’entourage d’un certain maréchal sous l’Occupation – m’ont paru refléter beaucoup plus la survie d’une certaine mentalité conservatrice, ou l’influence de ce philosophe trouble, parce que nazi, qu’était Heidegger, qu’une réelle compréhension de la situation technique moderne. Bref, je trouve que l’Internet a aussi joué le rôle d’un révélateur ou d’un indicateur coloré, comme diraient les chimistes, et le résultat montre des traces sérieuses d’archaïsmes politiques.

Comment avez-vous vécu la période automne 1999-printemps 2000 ? Que faisiez-vous ?

Je présume que vous entendez par ces dates la période de la grande bulle spéculative sur les compagnies dites ".com". Eh bien, je regardais en attendant que la bulle crève, ce qui est arrivé, bien entendu. Déjà, au moment de Inet-2000, à Yokohama, on sentait une petite nervosité, mais le grand patron de Cisco, Chambers, qui présidait alors la compagnie dotée de la plus grande valeur financière de la planète, affichait un optimisme absolu. Pour autant, il fallait bien se douter qu’une bonne partie de ces compagnies ne représentaient rien d’autre qu’un vent de folie spéculative.

Comment analysez-vous aujourd’hui cette frénésie de huit mois ?

Voir ci-dessus.

Quel a été, selon vous, le signal de la chute des dotcoms ?

Vous allez trop vite en besogne. Certaines.com étaient de la frime pure ; elles ont été balayées et c’est probablement tant mieux. D’autres, dotées de plans d’affaires plus sérieux, ont subi des déboires et des reculs, mais elles continuent et explorent toujours les conditions de fonctionnement économique profitable dans cet environnement totalement renouvelé. Prenez une compagnie comme la maison d’édition Reed-Elsevier qui réalise une bonne partie de son chiffre d’affaires en ligne par la vente de licences d’accès à des centaines de grandes bibliothèques de recherche dans le monde et vous verrez que leur stratégie de déploiement se poursuit sans problèmes particuliers. Entre les deux cas, vous avez des situations plus problématiques – donc intéressantes – telles Amazon ou Yahoo !. On verra.

Que faites-vous aujourd’hui ?

Ce que j’ai toujours fait : j’enseigne, lis et écris...

Croyez-vous toujours autant à Internet ?

Plus que jamais, mais l’historien que je suis ne se laisse pas impressionner outre mesure par les fluctuations quotidiennes du monde. La réticulation du monde date d’au moins 5 000 ans, c’est-à-dire depuis au moins l’invention de l’écriture (le mot "texte" vient du latin "texere" qui veut dire tisser). Web vient du verbe to weave, qui veut aussi dire tisser. Tirez-en vos propres conclusions !). L’Internet détient toujours ce potentiel extraordinairement subversif et créateur d’instaurer un règne généralisé de l’intelligence distribuée (et non collective, comme le prétend mon ami Pierre Lévy, et encore moins connective, comme le prétend cet autre ami, Derrick de Kerckhove) ; cela dit, ce "règne" ne viendra pas tout seul. D’autres forces sont à l’œuvre, qui visent à réduire Internet à l’état de média relativement traditionnel, c’est-à-dire de média qui permettrait à une minorité (élite, médiateur, etc., selon la coloration politique des commentateurs) de pousser, voire imposer ses vues à l’ensemble de la population. Quand Dominique Wolton sort une de ses grandes phrases ampoulées dont il semble avoir le secret, par exemple quand il argumente que trop de liberté revient à perdre toute liberté – un écho rigolo de la pensée catholique conservatrice, incidemment, et un rappel de la notion d’obéissance comme condition de possibilité d’une liberté "bien comprise" - il ne fait rien d’autre que souhaiter la réinscription de la technologie internet dans le schéma de ce qui lui plaît tant : les médias de masse, instruments indispensables de sa chère démocratie de masse... On croirait entendre Lyautey, l’ordinateur en plus ! Le drame, c’est que les thèses de Wolton sont peut-être en train de devenir réalité. Un Internet où les individus ne disposent pas d’adresses fixes, où la bande passante descendante est beaucoup plus forte que celle ascendante, où NAT (Network Address Translation) et pare-feu fragmentent le réseau en îlots plus ou moins isolés, bref un Internet qui refuse autant que faire se peut la notion de peer-to-peer qui est pourtant ancrée au plus profond de ses protocoles de base, qui privilégie sans cesse les relations serveur-client (maître-esclave...), un tel Internet n’est que l’ombre dévoyée du potentiel social, culturel et humain que recèle cette technologie si nous savons nous l’approprier pour notre épanouissement et pas seulement pour faciliter la quête de profits de quelques entrepreneurs ou financiers. Je recommande aux lecteurs de votre revue, s’ils lisent l’anglais, de se procurer l’ouvrage publié sous la direction de Andy Oram, Peer-to-Peer. Harnessing the Power of Disruptive Technologies publié chez O’Reilly. Très instructif !

Croyez-vous au commerce en ligne ? Croyez-vous à l’avenir du Web non marchand ?

Bien sûr. Tout ce que j’ai dit n’exclut pas la vie commerciale. Mais rappelons-nous aussi qu’il a fallu plus d’un siècle pour apprendre à créer des objets imprimés vendables. Une fois remplis les besoins en bibles, catéchismes, éphémérides, livres de cuisine et livres de médecine, l’industrie du livre imprimé a vécu une crise. Il a fallu alors inventer de nouveaux objets pour relancer cette activité sur le plan commercial : des périodiques, des romans, des encyclopédies. Il a fallu créer des catégories socio-légales nouvelles : l’auteur, la propriété intellectuelle, le droit d’auteur. Entre Gutenberg (environ 1450) et le premier droit d’auteur décret de la Princesse Anne en Angleterre (en 1710), il aura fallu 260 ans pour asseoir une économie de l’imprimé. Nous sommes en train d’apprendre à étayer une économie du numérique et cela va prendre au moins des décennies. Les luttes actuelles autour de la propriété intellectuelle le prouvent, comme le prouvent les explorations fascinantes d’entreprises fondées sur les logiciels à code source libre (phénomène GNU/Linus, licence GPL, etc.).

Comment voyez-vous les années à venir ?

Turbulentes et fascinantes, et surtout dominées par l’extension de connexion à haut débit, ce qui va entraîner toutes sortes d’effets passionnants.

Croyez-vous toujours dans ce qu’on a appelé la netéconomie ?

Le terme renvoie à un épisode fugace d’un processus beaucoup plus long et lent qui recoupe celui du commerce à distance sur de longues distances. La route de la soie existait déjà avant notre ère...

Quelles vont être, selon vous, les futures grandes échéances, et que vont-elles apporter ?

Les grandes échéances vont tourner autour de la définition de l’individu dans cet espace complexifié qu’est le cyberespace. Se rattachent à ces questions celles de liberté, confidentialité, territorialité, citoyenneté, etc. Ces échéances, on le voit aisément, ne sont pas minces ; elles recoupent évidemment des questions fortement débattues actuellement : identité, mondialisation, souveraineté, etc. Ce qui est fascinant, c’est que l’Internet doit être pris en compte pour commencer à bien appréhender ces questions et les traiter adéquatement ; et réciproquement, les échéances qui guettent ces grandes questions vont se répercuter sur Internet. La question de la brevetabilité de logiciels, par exemple, pourrait à terme complètement dévoyer le sens socio-politique qui s’inscrit dans les protocoles de l’Internet.

Internet en France - 7 Ans d'aventures
 
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