Ce matin, j’ai eu une folle envie d’acheter des actions Intel. Elles ont perdu 30% en une nuit : bonne affaire. Et signe des temps : confiez le monde aux spéculateurs boursiers, et vous aurez une guerre tous les huit jours...
Il suffit qu’Intel, société incroyablement stable et rentable, leader mondial dans son domaine (accessoirement le domaine le plus porteur encore pour les dix prochaines années...), annonce qu’elle va gagner un tout petit peu moins d’argent que prévu, et la bourse panique. Intel n’a pas annoncé de perte, juste un profit légèrement inférieur aux prévisions. L’Europe devant acheter un peu moins d’ordinateurs que prévu (le dollar les rend très cher...), la marge sur le vieux continent sera moindre. Rien de paniquant, mais le marché y voit un signe du ralentissement de l’activité mondiale. L’Asie reste à équiper en ordinateurs. L’Afrique reste à équiper en ordinateurs. L’Amérique du Sud, dans sa majorité, reste à équiper en ordinateurs. De plus en plus de machines (téléphone portable, PDA, voiture, machine à laver, appareil photo, caméra, etc) utilisent des micro-processeurs. Et le marché a peur pour Intel... 30% de chute en une nuit... Pour ceux qui croyaient encore qu’il y avait quelque chose de rationnel dans le petit monde de la bourse, le réveil doit être dur. Pour les autres, on peut encore acheter de l’Intel : je parie que cela va remonter. Pour la même raison que la chute : aucune.
Suite à ce papier, j’ai reçu ce mail très intéressant d’un lecteur de Transfert.net (Olivier Ffrench) :
A priori, l’annonce de profits moins important n’est pas la responsable de cette baisse mais seulement la goutte qui a fait déborder le vase, le déclencheur en quelque sorte.
Depuis un an, Intel en voit des vertes et des pas mures, principalement à cause d’une série d’erreurs stratégiques et c’est certainement ça que le marché à sanctionné.
Au palmarès des erreurs d’Intel :
L’alliance avec RAMBus qui finit par perdre pied face à la domination annoncée de la DDRam. La RDRam de RAMBus n’a jamais été très vendue : elle est 4 fois plus chère que la SDRam et moins performante. Pire encore, un consortium de fabricants de mémoire a annoncé que le futur standard serait la DDRam.Le problème pour Intel, c’est que nombre de ses chipsets sont basés dessus, y compris ceux qui sont destinés au Pentium 4 !
Le fiasco du chipset i820 qui découle principalement de l’erreur RAMBus : toute une série de cartes mères retirées du marché. Conséquence : les chipsets VIA font un tabac
Sous estimation des capacités d’AMD a produire des processeurs de plus en plus rapides. La course au mhz et la guerre des communiqués qui se sont déroulées d’octobre 99 à février 2000 a été perdue - (de justesse).
Dès leur sortie, les Athlons se sont avérés plus puissants que les PIII. Les Coppermines, sortis en catastrophe, ont pu redresser la situation de justesse, là encore.
Incapacité de produire suffisamment de PIII de plus de 700 mhz tout le début de l’année 2000. Résultat : les processeurs produits sont monopolisés par les OEM, pénurie, prix très élevés, AMD rafle des parts de marché sur les ventes au détail.
Sortie du PIII 1.13 Ghz qui a dû être ensuite retiré du marché à la suite de benchmarks accablants de spécialistes (tomshardware...). AMD a sorti son Athlon 1.1 Ghz un peu après...
Faibles performances des premiers PIV qui ont pu être testés.
Attaqué sur le milieu de gamme des CPU par l’Athlon, Intel est aussi menacé sur le bas de gamme par les Duron d’AMD vendus bien moins cher.
AMD prévoit un processeur haut de gamme (le Mustang) et le support des Bi-processeurs à la fin de l’année.
En fait la baisse des résultats était prévisible au vu de ces erreurs et elle aurait même dû être plus importante. Le gorille s’essouffle...
Intéressant. Cela n’empêche pas l’incompréhension devant une telle chute. Une baisse, OK. Mais une telle chute, avec les conséquences que cela a sur les marchés en général, laisse rêveur sur la susceptibilité du boursicoteur...