L’éditeur de logiciels Adobe ferait pression sur une université allemande pour obtenir que le logiciel libre Killustrator change de nom.
Killustrator gêne Illustrator. Le premier est un logiciel libre. L’autre, plus ancien, appartient à la société Adobe, également éditrice du célèbre Photoshop. Tous deux sont des programmes destinés à l’élaboration de dessins vectoriels (utilisés notamment dans les animations Flash). D’après le journal en ligne heise.de, relayé par Slashdot, un cabinet d’avocats allemand œuvrant pour le compte d’Adobe demande à l’université de Magdebourg, au sein de laquelle a été développé Killustrator, de changer le nom du logiciel, d’en détruire le packaging et de verser des dommages et intérêts. Si elle souhaite éviter une action en justice pour contrefaçon de marque.
Menaces
Kai-Uwe Sattler, l’auteur du programme incriminé, a reçu vendredi dernier une lettre du cabinet Reinhard Skuhra Weise and partners, adressée également à son université, les enjoignant à verser une obole de l’ordre de 16 000 francs (2 400 euros), sous la menace de réclamations judiciaires qui pourraient s’élever à plus de 3 millions de francs (500 000 euros). Contacté par Transfert, il souhaite rester prudent dans la mesure où l’affaire n’a pas été portée en justice pour l’instant. Mais confirme que la démarche des avocats ne concerne que la marque du logiciel. Spécialisés dans la propriété industrielle, ceux-ci refusent de leur côté de faire le moindre commentaire, tout en reconnaissant être au courant de l’affaire.
Nom commun
Le logiciel mis en cause a été conçu pour l’interface de bureau KDE, destiné aux ordinateurs tournant sous Linux. D’où le nom de Killustrator. Une appellation sans nul doute destinée à rappeler que les fonctionnalités proposées sont proches d’Illustrator (qui ne fonctionne pas avec Linux). Mais Adobe pourra-t-il faire valoir la marque de son logiciel en Allemagne ? D’après l’Institut national de la propriété industrielle (INPI), la question trouverait une réponse plus simple en français car le mot "illustrator", s’il est "évocateur", ne signifie rien. On peut donc en faire une marque. En allemand, en revanche, illustrator veut dire illustrateur. "Dans ce cas on peut considérer que le nom ne fait que décrire la fonction du logiciel et ne peut constituer une marque", avance-t-on à l’INPI. Dans leur lettre, les avocats d’Adobe estiment que la publicité faite autour du logiciel libre nuit au produit de leur client. À moins que ce ne soit, dans le fond, l’existence d’une version libre du programme qui ne donne des boutons à l’éditeur.