L’illimité bas débit quand et à quel prix ? Ces questions, les opérateurs télécoms, ne peuvent pas y répondre aujourd’hui. L’Association des opérateurs de services de télécommunications (AOST) tire la sonnette d’alarme et tance France Télécom.
Surfer quand on le souhaite, autant qu’on le souhaite, sans avoir l’œil rivé sur sa montre à surveiller sa consommation. Un rêve éveillé pour les Français. Les forfaits illimités à partir de la ligne téléphonique (bas débit) tardent à venir. Annoncés pour septembre par les autorités politiques, ils ne devraient voir le jour qu’au début de l’année 2002. Après l’Association des fournisseurs d’accès à Internet (AFA), il y a quelques jours, c’est désormais l’Association des Opérateurs de Services de Télécommunications (AOST) qui tire la sonnette d’alarme. Date indéterminée, tarif impossible à fixer, difficultés techniques à surmonter : autant de barrières que rencontrent aujourd’hui les opérateurs. France Télécom leur a récemment proposé un tarif d’interconnexion forfaitaire, élément indispensable pour lancer ce type de forfait. Mais ses conditions sont "inacceptables, notamment au niveau tarifaire", a souligné François Vivier, administrateur de l’AOST. Quel sera l’intérêt de ces forfaits l’année prochaine face à des offres illimitées à haut débit (câble, boucle locale radio ou ADSL) ? Alexandre Archambault, responsable des affaires réglementaires à Free Telecom et membre de l’AOST, revient sur les retards et les rebondissements de la mise en place de l’illimité bas débit en France. Interview.
L’ART a évoqué le tarif de 180 francs par mois pour des forfaits illimités par le réseau téléphonique. Cela vous semble impossible à tenir. Pourquoi ?
Au regard des modalités actuellement proposées par France Telecom, les opérateurs et fournisseurs d’accès (FAI)ne seront pas en mesure de proposer une offre dans des conditions économiquement viables à 180 francs par mois. En effet, le modèle économique de l’ART ne prend pas compte certains paramètres essentiels comme le tarif d’interconnexion régional (PRO) qui n’est même pas encore connu, les coûts des liaisons de raccordement ou la contribution au titre du Service Universel. Auxquels il faudrait aussi rajouter des coûts annexes tels que les salaires, le marketing ou la facturation. Partant de là, les FAI ne disposent d’aucune visibilité. Or, pour être prêts le plus tôt possible, c’est maintenant qu’ils doivent passer commande auprès de France Télécom !
Ces forfaits, impossibles à tenir financièrement et techniquement pour les opérateurs, ont-ils réellement un avenir ?
Le réel avenir pour l’accès illimité à Internet, c’est le non-commuté tel que l’ADSL. Mais il ne verra le jour qu’avec la mise en route du dégroupage. Toutefois, au regard de l’énormité de la tâche (plus de 10 000 répartiteurs à équiper), son déploiement ne pourra être que progressif. C’est pourquoi nous estimons que les forfaits illimités bas débit auront un avenir au moins dans les zones à faible densité.
Comment analysez-vous l’attitude de France Télécom sur ce marché de l’illimité bas débit ?
On ne peut pas dire que France Télécom bloque des quatre fers ce dossier, à l’instar de ce que les opérateurs subissent dans le cadre du dégroupage de la boucle locale. Mais compte tenu des modalités opérationnelles, de la mise en place précipitée et partielle de cette interconnexion forfaitaire, France Télécom semble avoir la possibilité d’évincer les opérateurs du marché de collecte de trafic. Le consommateur en ressortira-t-il gagnant ? La question mérite d’être posée...