Les attentats du 11 septembre génèrent un sursaut sécuritaire de la part des démocraties qui ressembleront demain à des états policiers.
La Commission des libertés du citoyen, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen étudie, lundi 15 octobre, les mesures antiterroristes proposées par la Commission européenne. Au menu, l’assimilation des opposants politiques à des terroristes et, potentiellement, celle des utilisateurs d’informatique à des cyberterroristes. Le texte présenté transforme en effet les "violences urbaines" en un acte de terrorisme. Bienvenue dans un monde meilleur où les opposants à la mondialisation libérale seront assimilés à des terroristes, où un pavé de trop coûtera vingt ans de prison. Heureusement que les députés et eurodéputés soixante-huitards ne vivaient pas sous ce genre de régime ! En France, certains amendements introduits dans le projet de loi sur la sécurité quotidienne ne dépareraient pas dans un état policier. On nous propose ainsi de punir "de six mois d’emprisonnement et de 7500 F d’amende" l’usager des transports en commun qui, par dix fois, aura "voyagé sans être muni d’un titre de transport valable". Au trou les RMistes et autres SDF !
Démons de la bidouille
Le cyberespace n’est pas oublié. Ce que l’on ne comprend pas fait peur. Classique. Or, qui, dans les rangs des assemblées représentatives, comprend comment fonctionne un serveur ? Pas grand monde. Les élus n’hésitent donc pas à transformer le Réseau en grand méchant loup. Quant aux petits démons qui savent "bidouiller", ils ne peuvent qu’être des cyberterroristes. Logique. Manque de chance, les députés eux-mêmes risquent un jour de devenir des cyberterroristes en surfant avec leur bête navigateur. Car la notion de cyberterrorisme retenue par la Commission européenne consiste grosso modo en un acte d’intrusion informatique. Mais qu’est-ce qu’une intrusion informatique ? Il est fort probable qu’un jour, au détour d’une recherche sur un moteur de recherche comme Google, les députés tombent sur une page comme celle qui regroupe toutes les réponses aux offres d’emploi chez Palm. Intrusion ? Hasard ? Simple surf sur une partie cachée mais non protégée d’un site ? Dieu sait ce que le juge retiendra. Accéder à la base de données du site de la Cour de cassation, dont le serveur est mal paramétré, sera-t-il considéré comme un acte de terrorisme ? Dans ce cas, je suis un cyberterrosite. Mais je me soigne...