La nouvelle version d’Internet Explorer, 6e du nom, censée améliorer la protection de la vie privée, pèche surtout par sa volonté d’éliminer toute forme de concurrence. Rien de bien nouveau.
59 cookies refusés. Des sites que nous avons testés, la page "infoconso"
de TF1, inscrite par défaut en lien "média" d’Internet
Explorer 6, remporte la palme haut la main. La page de microsoft.com consacrée
à Internet Explorer affiche quant à elle 42 cookies refusés,
et 23 sa page d’erreur 404 (sur laquelle nous sommes tombés pour avoir
cliqué sur le lien censé permettre de se créer un… certificat
d’identité numérique). La toute nouvelle version d’Internet Explorer,
disponible en téléchargement depuis quelques jours, offre en effet
la possibilité d’afficher tous les cookies refusés, si tant est
que l’on ait correctement paramétré le navigateur pour qu’il les
bloque automatiquement. Sauf que le nombre de cookies est très nettement
surévalué : le même test, avec Opéra, ne donne "que"
15 cookies sur la page de TF1, et un seul pour les deux pages de Microsoft. Réponse
alambiquée et définitive de Pascal Pare, Chef de Produit Windows
Media chez Microsoft : "la boite de dialogue “Privacy Report ”
présente les éléments de la page web consultée et
constituées de lien vers des sites web internes ou externes, vers des images..."
(sic). La gestion des cookies de Microsoft serait-elle donc bugguée ? C’est
ce qu’on laisse entendre, à mot couvert, chez Microsoft : il ne s’agit
pas là de la version définitive d’IE6 (la version française
devrait quant à elle sortir le 5 septembre). Au final, la gestion des cookies
est certes améliorée, mais n’est jamais qu’une pâle copie
de ce que propose déjà, depuis un an, Opera
, en moins bien.
XP pour tous, tout pour XP !
Si IE6 semble plus stable que ses précédentes versions, tout crash
du navigateur débouche sur la proposition d’envoyer un rapport circonstancié
à Microsoft, afin d’optimiser la correction des bugs. Reste à savoir
combien seront ceux qui accepteront cet envoi automatique d’un formulaire détaillé,
alors même que la société est régulièrement
épinglée pour sa conception de la protection de la vie privée,
et de la traçabilité de ses "clients" (voir Vie
privée : Microsoft éteint la lumière). La barre de gestion
des images, permettant d’en redéfinir le format, de les imprimer ou encore
de les envoyer par courrier électronique, fonctionne à plein sous
XP, mais moyennement sous Windows 98 ou 2000. Le nouveau design d’IE6, de même,
n’est visible que sous XP (où le navigateur est installé par défaut),
les possesseurs d’un ancien OS retrouvant là celui d’IE5. Mais la réelle
nouveauté, si nouveauté il y a, est d’avoir tout bonnement supprimé
le langage Java, développé par son rival et concurrent Sun, au profit
d’ActiveX, sa propre technologie. Selon Jim Cullinan, porte-parole de Microsoft,
il s’agirait d’améliorer
la sécurité , propos d’autant plus étonnant qu’il est
de notoriété publique qu’on ne peut justement pas se fier à
la "sécurité"
d’ActiveX . Autre nouveauté du même acabit, la suppression des
plugs-in Netscape. Selon Neil Laver, responsable marketing d’XP, "ces plugs-in
étaient rarement utilisés, et relevaient d’une expérience
de navigation
plutôt pauvre" . Ainsi, fini QuickTime, il faudra désormais
passer par Windows Media Player, inscrit par défaut et dont les utilisateurs
d’IE6 sont fortement incités à télécharger la dernière
version. En matière de monopolisation du Web, on ne saurait être
plus clair. En 1996, 70% des internautes utilisaient Netscape. Aujourd’hui, entre
80 et 90% des internautes seraient sous
IE.