La première tentative de vol du X-43A, l’avion hypersonique de la NASA, s’est soldée par un échec. Parce que le prototype déviait dangereusement de sa trajectoire, les ingénieurs ont été contrai
Pour savoir ce que vaut vraiment l’avion hypersonique X-43A, il faudra attendre encore un peu. Samedi 2 juin, le premier vol de ce petit appareil (3,6 mètres de long pour 1,5 mètre d’envergure et un poids de 1270 kg) s’est achevé par une explosion. La fusée Pegasus, au bout de laquelle était arrimé l’X-43A, a été victime d’une défaillance qui a contraint les ingénieurs américains à la détruire en vol. Le prototype a donc connu le même sort. Même si cette première tentative est un échec, la NASA reste confiante puisque le prototype en lui-même n’est pas en cause.
7 700 km/h
Le début de la mission s’était pourtant bien déroulé. Le gros-porteur B-52 avait lâché la fusée Pegasus à 30 000 mètres d’altitude, comme prévu. Mais alors que la fusée devait emporter le X-43A en haute altitude pour un vol historique à Mach 7 (7 700 km/h), elle a subitement quitté sa trajectoire et viré de façon incontrôlée sous les objectifs des caméras fixées sous les deux F-18 de l’armée américaine qui l’escortaient. Les ingénieurs de la NASA n’avaient, dès lors, pas d’autres choix que d’activer les charges explosives placées au cœur de la fusée Pegasus. L’agence spatiale américaine a immédiatement constitué une cellule d’expert pour déterminer les causes de l’accident. "Le véhicule possédait de nombreux capteurs, et nous pensons sérieusement que grâce à toutes les données emmagasinées nous pourrons reconstruire et comprendre ce qui s’est passé", explique, sur le site de la BBC news, Kevin Petersen, directeur du centre Dryden de recherche aérienne. Les fusées Pegasus n’ont connu qu’un ou deux ratages sur la centaine de lancements horizontaux effectués depuis 1990, a fait savoir, de son côté, le constructeur Orbital Sciences.
New York à 30 minutes de Los Angeles
L’X-43A fait partie du projet Hyper-X, programme doté d’un impressionnant budget de 1,4 milliard de francs, et destiné à concevoir un avion hypersonique avant 2025. La partie la plus novatrice du programme : la mise au point d’un stratoréacteur à combustion supersonique, également appelée " scramjet " (Supersonic Combustible Ramjet). Contrairement aux moteurs des fusées qui puisent l’oxygène dont elles ont besoin pour la combustion de l’hydrogène dans d’énormes réservoirs, la technologie Scramjet permet au moteur de fonctionner directement avec l’oxygène contenu dans l’atmosphère. De plus, les turbines à ailettes qui compriment l’air dans les réacteurs classiques d’avion ne sont plus nécessaires, la haute vitesse de l’appareil étant amplement suffisante. Outre les vitesses phénoménales (jusqu’à Mach 10) qu’elle permettrait d’atteindre, la technologie Scramjet laisse entrevoir de substantiels gains de place et de poids. New York ne serait plus qu’à une demi-heure de Los Angeles, ville qui elle-même ne serait qu’à 2 heures de Tokyo ! Attention, s’il existe de jolies perspectives sur le marché civil, le principal intéressé, et probablement le premier à en profiter, reste le Pentagone qui imagine de belles applications pour ses missiles intercontinentaux et ses avions de combats, qui deviendraient du coup beaucoup plus difficiles à intercepter.
La NASA, qui possède deux autres prototypes, a décidé de maintenir les autres vols d’essais (l’un à Mach 7 et l’autre à Mach 10) prévus pour les prochains mois. Parallèlement, l’agence spatiale américaine poursuivra ses essais au sol de la technologie Scramjet (600 avaient déjà été effectués avant l’essai en vol de samedi dernier).