Chez Danone, il doit y avoir une personne de plus à craindre pour son job. Celle qui a décidé de porter plainte contre "jeboycottedanone.com". Car c’est une des plus belles bourdes de l’année.
Pensez : voilà un site que peu de personnes connaissaient. Un site plutôt marrant, un peu provoc, mais que quelques initiés seulement visitaient. Jusqu’à ce que Danone en fasse un héros. En une plainte. En une énorme bourde de communication.
Cela fait penser à l’erreur d’Intel avec le Pentium : quand quelques personnes ont signalé que le microprocesseur, dans des conditions très spéciales d’utilisation, commettait une erreur, Intel a répondu en méprisant, ridiculisant les auteurs de la remarque. Le mépris a énervé les personnes concernées qui, il faut le dire, avaient parfaitement raison. Alors, ils ont fait connaître le mépris de Intel. Qui s’en est mordu les doigts et a dû dépenser des fortunes pour inverser la tendance anti-Intel.
Ici, si Danone avait laissé le site caricaturer et attaquer sa marque (après tout, les contre-pouvoirs sont indispensables et salutaires), jeboycottedanone.com serait resté un site de contestation parmi d’autres. Mais Danone a attaqué… Et mal, en plus. Soulevant des tempêtes, et poussant tout le monde, agacé par la bêtise de la multinationale prenant un marteau pour écraser une mouche, dans le camp de l’auteur du site.
Finalement, ce site a été la meilleure preuve de la mauvaise conscience des responsables de Danone. Leur maladresse incroyable laissant, en plus, des doutes sur leurs capacités à gérer une communication de crise. Il faudra bien qu’ils s’y fassent : demain, il y aura de nombreuses autres critiques de leurs produits, de leur marque, de leur façon de faire. Oui, il y aura détournement de leurs logos. Sans doute. À eux de voir comment prendre cela : comme des attaques condamnables (ou en tout cas qu’ils poursuivront devant les tribunaux) ou comme, finalement, une marque de leur puissance commerciale… Car pour susciter des contre-pouvoirs, il faut soit même avoir un certain pouvoir. Et, pour un industriel, c’est plutôt bon signe.