Reclassé chez Wanadoo après un accident du travail, un employé de France Telecom à Montpellier a perdu un tiers de son salaire dans l’opération. Depuis le 16 avril, pour protester, il refuse de s’alimenter.
"Une chute sur un trottoir. Une opération. Des complications." C’est ainsi que Gérard Bux résume l’accident qui l’a obligé à changer de travail. Employé au service commercial de la branche câble de France Telecom à Montpellier, il a été reclassé fin 2000 par l’opérateur public dans le service d’assistance téléphonique de Wanadoo, la filiale Internet. Mais pour un salaire amputé d’un tiers : 7 200 francs nets contre 11 000 précédemment. Pour protester, il a entamé une grève de la faim à la mi-avril. Cet homme de 44 ans a d’abord tenté de négocier avec ses employeurs, faisant valoir que le droit du travail oblige les entreprises à reclasser leurs employés victimes d’accident à un niveau de salaire équivalent. D’après le responsable local du syndicat Sud-PTT, Patrick Fourinier, la direction de France Telecom a estimé qu’elle n’avait pas à prendre en compte la part variable du salaire de Gérard Bux. À savoir : les primes au résultat, en vigueur chez les commerciaux, mais inexistantes pour les personnes chargées de la hotline. "L’entreprise doit faire son maximum pour trouver à l’employé un emploi de même nature, commente Geneviève Bot-Gartner, professeur de droit du travail. Mais si elle n’y parvient pas, elle peut proposer un poste moins rémunéré. Sauf dans le cas où la convention collective de l’entreprise est plus avantageuse." France Télécom, de son côté, estime que son employé avait accepté ses nouvelles conditions d’embauche. "Monsieur Bux a signé un nouveau contrat en décembre 2000. Nous nous étions mis d’accord sur une rémunération fixe de 10 000 francs bruts", annonce Elisabeth Montpezat, directrice de la communication à la direction régionale. Selon elle, Gérard Bux est contraint aujourd’hui à agir de la sorte parce qu’il a contracté un emprunt qu’il ne peut rembourser.
Manque de reconnaissance
Devant la détérioration de l’état de santé du gréviste de la faim, le médecin du travail l’a enjoint de rester chez lui. Pourquoi ne pas chercher à régler l’affaire aux prud’hommes ? "Je souhaite rester dans le groupe", répond Gérard Bux, d’une voix lasse. Il pense que la pression médiatique poussera la direction à avoir un peu plus d’égards pour son cas. Et regrette qu’on manifeste "si peu de reconnaissance" pour ses 20 ans d’efforts dans la société. Pour l’instant, selon lui, la seule proposition émanant de France Telecom consisterait à l’envoyer travailler dans une autre succursale, mais pour le même salaire que chez Wanadoo. Elisabeth Montpezat, qui se dit "très préoccupée par sa santé" parle d’un poste de téléconseiller commercial, qui permettrait à l’employé de compléter son revenu par des primes au résultat. Gérard Bux refuse, pour le moment , d’entériner la proposition : "C’est dérisoire. C’est la preuve qu’ils ne m’ont pas écouté."