La compagnie d’assurance britannique Royal and Sun Alliance vient de licencier 10 de ses salariés et d’en suspendre 80 pour l’échange d’un e-mail privé "licencieux".
Royal and Sun Alliance, la compagnie d’assurances britannique, continue sa campagne de lynchage salarial. Commencée le mois dernier par la mise à pied de 41 salariés, elle se poursuit aujourd’hui par dix licenciements et 80 mises à pied temporaires sans salaire. La raison : ils avaient échangé par e-mail des images de cartoons à caractère pornographique. Imaginez l’horreur du délit : Bart Simpson, héros du dessin animé américain, en position suggestive...
Enquête minutieuse
Entre temps une enquête minutieuse menée par le service de sécurité informatique de l’entreprise a permis de mettre à jour d’autres dessins. Ceux-ci n’offensent pas seulement l’image des "Simpsons", ils s’attaquent odieusement à Kermit la grenouille, figure emblématique du Muppet Show... Il y aurait vraiment de quoi rire, si ces messages ne mettaient en péril le travail de dizaines d’employés. Chez Royal and Sun Alliance, par contre, on ne plaisante pas. "Les salariés ont brisé le code de conduite de l’entreprise qui proscrit l’usage des messages à des fins privées", explique Paul Atkinson, le porte parole de la firme qui se refuse à confirmer le nombre d’employés licenciés. Du côté des syndicats, le discours est curieusement très proche de la position de la direction. "Nous sommes en cours de procédure avec la direction. Nous ne voulons pas commenter les discussions tant qu’elles ne sont pas terminées. Cela peut encore prendre quelques semaines", assure Ian Templeman, porte-parole du syndicat de l’entreprise, le Manufacturing Science and Finance trade Union (MSF).
Mécontent anonyme
Heureusement d’autres voix s’élèvent. Dans son article le Times cite un témoin anonyme qui déclare : "Ces e-mails ne contiennent rien d’illégal comme par exemple de la pornographie enfantine (...). De plus les personnes sanctionnées ne passent pas leur temps à surfer sur le Net ou à faire des blagues salaces. Certains travaillent ici depuis dix ou 15 ans et n’ont jamais commis aucune faute." Pour l’instant, deux possibilités s’offrent aux 80 employés mis à pied : retrouver leur travail en écopant au mieux d’un blâme, ou prendre la porte. "Chaque cas va être examiné individuellement. Quant aux dix salariés licenciés, ils devront prendre d’ici une semaine la décision de faire appel ou non", précise quand même Ian Templeman. Un appel qui s’avère d’ores et déjà compromis quand la loi elle-même autorise de telles situations.