Un informaticien américain propose aux internautes de l’aider à créer la première conscience artificielle globale (GAC). En fait, la base de données rassemble... des brèves de comptoir.
Dans la grande lignée des ordinateurs pensant à forte personnalité, il y avait HAL, D2R2, voire C-3PO. Malgré le punch de son acronyme, il n’est pas certain que GAC (Generic Artificial consciousness) connaisse le même succès. Selon Chris McKinstry, son concepteur-inventeur-promoteur, GAC - prononcez "d’jacques" - n’est rien de moins qu’un système de conscience artificielle globale. Lancé il y a un peu plus d’un mois, le projet s’appuie sur le site GAC pour collecter les parcelles de conscience que voudront bien lui céder les internautes souhaitant contribuer à la "conscience globale". L’idée de base du projet est que la conscience humaine se résume en fait à un gigantesque écheveau de croyances et d’opinions sur le monde. Selon lui, on peut individualiser statistiquement des "atomes" de conscience qu’il appelle MindPixel. Ceux-ci correspondent à des assertions simples, du genre "l’eau est mouillée" ou "le chef a toujours raison", sur lesquelles chacun d’entre nous est censé avoir une opinion binaire : vrai ou faux.
Vendre des échantillons de conscience humaine
Pour Chris McKrinsky, la conscience humaine étant une mosaïque constituée de milliards de ces Mindpixels, il suffit donc de calculer le taux d’approbation moyen pour chaque Mindpixel et l’on obtient ainsi la conscience humaine globale. Un peu comme une Assemblée nationale élue à la proportionnelle... Avec l’aide des internautes, il espère collecter d’ici à 2010 les près de 100 millions de Mindpixels nécessaires à l’émergence d’un système conscient. Une théorie que réfutent de nombreux spécialistes de l’Intelligence Artificielle qui considèrent depuis 20 ans cette approche purement déclarative et quantitative de la conscience comme une impasse. Selon eux, le nombre d’assertions nécessaires à l’élaboration d’un tel projet serait, au mieux, plus grand que le nombre d’atomes dans l’univers. Cela ne décourage pas Chris McKrinsky dont l’objectif avoué est de pouvoir vendre des échantillons de sa conscience en boîte et de commercialiser un modèle... de flurbies conscients.
Truismes en pagaille
Un détour par le site du projet achève de décrédibiliser l’entreprise. Pour participer au projet et "dialoguer" avec GAC, il faut s’inscrire (en donnant un email valide). On doit proposer une question de type "vrai/faux" (un MindPixel de plus...), GAC y répond et vous propose en échange de répondre à une série de 20 autres questions. C’est alors que l’on se demande quel type de conscience le GAC va-t-il bien pouvoir simuler ! La liste des Mindpixels est un catalogue de truismes du genre "2038 n’est pas un nombre premier". D’autres déconcertent. Répondre par vrai ou faux à "il fait jour" dépend de phénomènes totalement extérieurs à la conscience. Du moins dans le cas général... Enfin, en découvrant des assertions d’un goût exquis ("Toutes les femmes avalent"), on se dit que la future conscience globale des internautes ne vole décidément pas bien haut...